Eugène Reilhac
Eugène REILHAC
né le 16 mars 1920 à Clairac (47)
Engagé dans les Forces Aériennes Françaises Libres
Matricule FAFL 30.629
« Disparaît » au-dessus de la Manche le 14 mars 1943 au large de Camiers (62)
Pilote au « 340 Squadron ‘’Île de France’’ »
Compagnon de la Libération
« Mort pour la France » à l’âge de 22 ans
LE CONTEXTE AVANT SA DISPARITION
Eugène REILHAC, après avoir obtenu son baccalauréat de mathématiques, prépare le concours d’entrée à l’Ecole de l’Air lorsque la France entre en guerre en septembre 1939. Il décide alors de renoncer à ses études et s’engage dans l’Armée de l’Air.
Affecté sur la base aérienne de Châteauroux, il suit la formation d’observateur en avion à l’issue de laquelle il est breveté en mai 1940 au moment où débute l’invasion du nord de la France.
Eugène REILHAC se trouve affecté au Centre d’instruction de bombardement de Toulouse-Francazal lorsque, face à l’avancée fulgurante des troupes allemandes à travers le pays, l’ordre de repli général est donné le 16 juin 1940. Dans le but de rejoindre l’Afrique du nord, son unité doit quitter Toulouse pour rejoindre Port-Vendres en vue d’embarquer.
Eugène est à Port-Vendres où règne une grande confusion lorsqu’il apprend que l‘Armistice vient d’être signer le 22 juin. Refusant de déposer les armes, il fait la rencontre d’un groupe d’aviateur bien décidé comme lui à rejoindre l’Angleterre pour continuer le combat.
Grâce à la complicité du personnel du port, ils réussissent à embarquer clandestinement le 23 juin 1940 à bord du cargo Apapa à destination de Gibraltar, territoire britannique.
A son arrivée en Angleterre, Eugène fait de choix de répondre à l’Appel du général de GAULLE et s’engage dans les FAFL (Forces Aériennes Françaises Libres).
Il va alors suivre le parcours des écoles de pilotage de la RAF (Royal Air Force) et obtenir son brevet de pilote de la RAF en août 1941. Eugène poursuit sa formation dans l’école de perfectionnement du n°59 OTU (Opérational Training Unit) avant d’être affecté au mois de décembre au « 43 Squadron » installé au nord-est de l’Angleterre.
Plusieurs affectations vont se succéder au cours de l’année 1943 au « 610 Squadron », au « 81 Squadron », au « 122 Squadron », et en novembre 1942 au « 340 Free French Squadron ‘’ Ile de France’’ ».
Le groupe de chasse « Île de France » est commandé par le capitaine Bernard DUPERIER. Les pilotes sont tous des Français-libres. Trois jours après son arrivée Eugène mène déjà son premier combat aérien au-dessus des territoires occupés.
Le lieutenant Eugène REILHAC va rapidement se distinguer par ses qualités de pilote et obtenir plusieurs victoires aériennes. Le 16 février 1943, il est promu au grade de capitaine.
Trois jours plus tard il est désigné pour remplacer le capitaine SCHLŒSING abattu quelques jours auparavant. Promu ainsi au grade de commandant à titre temporaire, il prend la tête du « 340 Squadron » alors qu’il n’a pas encore 23 ans.
Le 14 mars 1943, le commandant Eugène REILHAC à la tête du groupe « Île de France » va participer, pour sa 79e mission offensive, à une opération de diversion dans le nord de la France.
Il ne le sait pas… ce sera sa dernière mission.
SA DERNIERE MISSION
Dimanche 14 mars 1943, en fin d’après-midi, Eugène va mener le « 340 Squadron ‘’Île de France’’ » pour la mission « RODEO 188 » qui consiste à aller provoquer l’aviation allemande dans le secteur d’Harmelot au nord de la France, pendant que se déroule en Picardie la mission « RAMROD 44 », le bombardement de l’aérodrome d’Abbeville/Drucat.
Le « 340 Squadron » sera accompagné par le « 611 Squadron » mené par le Wing-Commander MILNE. La mission sera conduite par Wing-Commander SLATER.
Dix Spitfire du « 340 Squadron » vont participer à cette mission répartis en trois sections :
– la “Red section” : W/Cdr SLATER (Red 1), Cdt REILHAC (Red 2), Lt de BORDAS (Red 3),
– la “Yellow section” : Cpt MASSART (Yellow 1), S/Lt PORCHON (Yellow 2), S/Lt GUIGNARD (Yellow 3), Lt ROOS (Yellow 4),
– la “Blue section” : S/Lt DEMAS (Blue 1), S/Lt KENNARD (Blue 2), S/Lt GOUBY (Blue 3).
Eugène est aux commandes du « Spitfire Mk IXb (EN175) GW-L », il est l’équipier du Wing-Commander James SLATER qui se trouve à la tête de la formation.
Il est 17h05 lorsque les vingt-deux Spitfire décollent du terrain de Biggin Hill. Ils franchissent la côte à Dungenes, traversent la Manche et grimpe à 7600m d’altitude.
À leur arrivée dans le ciel de France, huit appareils ennemis sont aperçus dans le secteur d’Hardelot et aussitôt attaqués par les sections « Red » et « Blue » du « 340 Squadron », ainsi que les sections « Red » et « Yellow » du « 611 Squadron ».
Débute alors un combat aérien, non pas avec huit mais avec plus d’une vingtaine de « Focke-Wulf Fw190 ». Les premiers avions aperçus n’étaient en fait qu’un appât. Ils appartiennent à la JG26 (Jagdgeschwader : escadre de chasse n°26) surnommée « Schlageter ».
L’engagement dans cette mêlée générale ne va durer que quelques minutes au-dessus de la vallée de la Canche près du Touquet jusqu’à Boulogne-sur-Mer. Eugène est aperçu pour la dernière fois plongeant sur l’ennemi lors de la première attaque. Deux « Fw190 » sont détruits par des pilotes du 340, l’un par le sous-lieutenant GOUBY, l’autre par le sous-lieutenant KENNARD après une longue poursuite ; puis tous les deux en endommagent également chacun un.
Le combat terminé, c’est par petits groupes que les Spitfire reviennent à leur base. Il est 18h35 lorsque les derniers sont de retour au terrain de Biggin-Hill.
Quatre avions sont manquants : celui du commandant REILHAC, celui du Wing-Commander SLATER, celui du Wing-Commander MILNE, ainsi que celui du Flight/Sergeant Robert MAC LAY du « 611 Squadron ».
Le pilote australien Robert Maxwell MAC LAY s’est écrasé au sol au nord de la France, il était âgé de 23 ans. (Son corps retrouvé sera enterré au cimetière militaire d’Etaples (62), tombe 46D9).
Le Wing-Commander Richard ‘Dickie’ MILNE a été aperçu sautant en parachute au-dessus de la mer. (Il sera recueilli par les allemands, fait prisonnier et transféré en Allemagne).
Quant aux Wing-Commander James Howarth SLATER et le commandant Eugène REILHAC, ils ont été aperçus pour la dernière fois volant au-dessus de la Manche.
Ils seront finalement déclarés « portés disparus ».
James Howarth SLATER était âgé de 27 ans. Eugène REILHAC était âgé de 22 ans, il totalisait 150h de vol de guerre et 3 victoires aériennes.
Leurs corps n’ont jamais été retrouvés.
Estimation du lieu de sa disparition entre le Touquet et Boulogne-sur-Mer au large de la plage de Camiers (62).
Pour en savoir davantage sur le parcours d’Eugène Reilhac, vous pouvez télécharger sa biographie complète au format PDF (prochainement disponible).