Charles Beyssier
Charles Louis Odilon BEYSSIER
né le 30 avril 1882 à Paris
Engagé dans les Forces Aériennes Françaises Libres
Matricule FAFL 31.325
« Disparaît » le 15 mars 1943 en océan Atlantique Sud
Chef du 1er Bureau de l’Etat-Major des FAFL en Moyen-Orient
« Mort pour la France » à l’âge de 60 ans
LE CONTEXTE AVANT LA DISPARITION
Charles BEYSSIER, vétéran de la guerre 14-18, était ingénieur à la retraite au moment de son engagement volontaire dans les Forces Françaises Libres en Egypte au Caire, en août 1941.
En mars 1942, il est affecté au poste de Chef du 1er Bureau de l’Etat-Major des F.A.F.L (Forces Aériennes Françaises Libres) à Beyrouth au Liban. Charles BEYSSIER, élevé au grade de lieutenant, est sous les ordres du Colonel ASTIER DE VILATTE.
En septembre 1942, il reçoit son affectation pour un poste à l’Etat-Major des F.A.F.L à Londres.
Le 21 novembre 1942, après avoir rejoint le port de Suez, en route pour rejoindre la Grande-Bretagne, il embarque, en compagnie de son épouse, à bord du paquebot Nieuw-Amsterdam à destination de Durban en Afrique-du-Sud. A la fin du mois suivant le navire arrive à destination après avoir effectué une escale à Madagascar.
Fin février 1943, après une longue escale qui aura duré deux mois, le couple BEYSSIER peut enfin poursuivre leur route en embarquant à bord du paquebot Empress of Canada à destination de l’Angleterre.
Ils ne le savent pas …. ce sera leur dernier voyage.
LE DERNIER VOYAGE
Le 1er mars 1943, le paquebot transporteur de troupes Empress of Canada quitte l’Afrique du sud. À son bord près de 1800 passagers civils et militaires, français et britanniques, mais également des réfugiés polonais et grecs ainsi que des prisonniers italiens.
Bien que l’océan Atlantique Sud soit régulièrement fréquenté par des sous-marins italiens et allemands, il doit prendre la mer seul, sans escorte ni convoi.
Vendredi 13 mars 1942, il est 23h50 lorsque le navire est secoué par une explosion provenant de la salle des machines qui vient d’être touchée par une torpille.
La sirène de l’alarme se met à retentir et les passagers se pressent tant bien que mal sur le pont du navire dans un vacarme assourdissant des vapeurs s’échappant des machines éventrées.
Les consignes d’évacuations ne sont pas vraiment respectées. Les canots de sauvetage sont mis à la mer et rapidement surchargés. Un bon nombre de passagers sont indécis à quitter le navire.
Il est 1h00 du matin, lorsque l’arrière du navire est touché par l’explosion d’une seconde torpille. Des passagers pressés d’évacuer se jettent à la mer. Charles et Louise BEYSSIER ont réussi à prendre place dans un canot de sauvetage. Ils sont accompagnés de l’Adjudant Louis DEDIEU et de sa femme, avec des militaires britanniques, grecs et des prisonniers italiens.
Quelques minutes plus tard le navire disparait englouti par les eaux laissant la place à un pesant silence.
Le canot de sauvetage, qui s’éloigne du navire, est en mauvais état et prend l’eau de plus en plus au point de couler, obligeant tous ses passagers à se retrouver à l’eau. Le canot réapparait aussitôt avec sa coque retournée et tout le monde tente de s’accrocher aux cordages fixés à l’embarcation. Ils restent ainsi sans secours, dérivant durant toute la journée du dimanche et s’éloignant de plus en plus des autres embarcations.
Un requin est aperçu. Débute alors une surveillance accrue, au signal d’alarme tout le monde s’agite dans l’eau pour tenter de faire fuir l’animal. Le soleil devient un ennemi duquel il faut se protéger. Certains découpent des morceaux de tissus de leurs vêtements pour les placer sur leur tête et se protéger les yeux. Plusieurs hommes épuisés finissent par lâcher les cordages auxquels ils s’étaient accrochés et disparaissent dans l’océan.
Louise BEYSSIER montre de plus en plus de signes de fatigue et demande à Charles de prendre le sac qu’elle portait en bandoulière et lui remet ses boucles d’oreilles en lui disant : « Moi je n’en peux plus ».
Le couple DEDIEU tente de la soutenir dans ses efforts du mieux qu’il peut. Voilà maintenant 19 heures qu’ils sont dans l’eau lorsque l’Adjudant DEDIEU, jugeant la situation désespérée, propose de rejoindre à la nage une autre embarcation qu’il aperçoit au loin. Le couple BEYSSIER y renonce.
Accompagnés de trois autres hommes, le couple DEDIEU tente cette aventure et finit, après une heure et demie d’efforts soutenus, à rejoindre cette nouvelle embarcation. Ils sont ensuite repérés et recueillis par un canot à moteur de l’Empress of Canada. A la demande de Louis DEDIEU le canot est conduit vers les lieux où se trouvaient les époux BEYSSIER lorsque le moteur du canot tombe en panne.
Après plusieurs heures d’effort, pour effectuer la réparation, le moteur redémarre. Mais la nuit est tombée et il faut attendre le lever du jour pour reprendre les recherches. La mer s’est agitée de plus en plus et l’eau est devenue froide. Le couple BEYSSIER pourra-t-il tenir dans ces conditions ?…
A l’aube les recherches reprennent… mais hélas sans succès. Plus de 50 heures après le naufrage des navires de la Royal-Navy sont aperçus. Les secours arrivent avec les corvettes HMS K79 Petunia, HMS K49 Crocus et le destroyer HMS H77 Boreas.
Le canot à moteur où se trouve le couple DEDIEU aborde le destroyer. Les rescapés sont hissés à bord. Aussitôt sur le navire Louis DEDIEU et son épouse effectuent des recherches pour retrouver Bernard et Louise, mais ils n’aperçoivent aucun des membres de l’embarcation où se trouvait le couple.
Des passagers de l’Empress of Canada, on va dénombrer 392 morts ou disparus. Parmi les victimes françaises il y a un autre membre des FAFL : le lieutenant Paul-Jean ROQUÈRE aviateur au Groupe LORRAINE. Son épouse Suzanne qui était avec lui a pu survivre au naufrage.
Il faut se rendre à l’évidence…. Charles et Louise ont disparus en mer, leurs corps ne seront jamais retrouvés.
Estimation de la position du naufrage du paquebot Empress of Canada.
Latitude 1°10 Sud et Longitude 10° West
Pour en savoir davantage sur le parcours de Charles Beyssier, vous pouvez télécharger sa biographie complète au format PDF.