L’essor des FAFL (1941-1943)

L’essor des FAFL (1941-1943)

L’essor des FAFL (1941-1943)

Les deux premiers groupes : Alsace et Lorraine

1_1_5_2_b_image_1Le colonel Valin avait fini par quitter le Brésil le 11 février 1941, mais il lui fallut 45 jours pour atteindre Londres. Une lettre de De Gaulle – qui se trouvait alors à Khartoum, au Soudan britannique – lui annonça qu’il prendrait bientôt le commandement des FAFL. En attendant, il était nommé chef d’état-major des FAFL et sa première décision fut de désigner comme adjoint le lieutenant-colonel Charles Pijeaud.

Le 6 juillet, au Caire, de Gaulle nomma Valin général de brigade et chef des FAFL, et lui fixa sa première mission : la francisation des noms de Squadrons et de Flights français en leur donnant des noms de provinces françaises.

La campagne de Syrie entraîne beaucoup moins de ralliements que de Gaulle l’a espéré ; en revanche, elle fournit aux FAFL l’infrastructure qui leur manquait. Ainsi la 1re escadrille de chasse, renforcée d’éléments venus d’Angleterre, d’Afrique du Nord et même de France, affectée à Rayak (Syrie), y constitue, dès le 15 septembre 1941, le groupe « Alsace« , placé sous le double commandement des capitaines Pouliquen et Tulasne ; à la tête de ses deux escadrilles, les lieutenant Littolff et Denis (bientôt remplacé par Yves Ezanno) sont chargés de l’entraînement des hommes. Le groupe « Alsace » n’accomplira que des missions secondaires en Egypte et en Libye avant de gagner l’Angleterre (septembre 1942).

Trois semaines après « Alsace », est créé le groupe de bombardement « Lorraine« ,1_1_5_2_c_image_2 héritier du GRB1. D’abord basé près de Damas, sous les ordres du commandant de Saint-Péreuse, il est ensuite transféré en Egypte, où le lieutenant-colonel Corniglion-Molinier prend son commandement (24 octobre 1941). Ses premiers 1_1_5_2_d_image_3objectifs sont les colonnes blindées de Rommel en Cyrénaïque. En décembre, le colonel Pijeaud, son nouveau chef, sera abattu et capturé au cours d’une mission au-dessus de Benghazi*. A nouveau commandé par Saint-Péreuse, « Lorraine  » harcèlera les poches de résistance ennemies de Halfaya et Bardia : « Ces missions se ressemblaient, racontera Yves Ezanno. On allait délivrer des bombes et les gars d’en face nous recevaient à coups de canon et de mitrailleuses. (…) Et ceci pendant 43 missions. « Après 380 missions, le groupe sera affecté à mes missions de surveillance côtière le long des côtes de Palestine jusqu’à son départ pour l’Angleterre (automne 1942).

Création des groupes Île-de-France, Bretagne, Artois et Picardie

Le 7 novembre 1941, le groupe « Île-de-France » est créé ; équipé de Spitfire, composé de deux escadrilles, « Paris » (capitaine Mouchotte) et « Versailles » (capitaine Dupérier),1_1_5_2_e_image_4 il est commandé à partir du 31 janvier suivant par le capitaine de vaisseau Philippe de Scitivaux, ancien aide de camp de Muselier. Il accomplira sa première mission de guerre au sein d’une formation alliée le 10 avril ; Scitivaux sera abattu et fait prisonnier au cours d’un engagement avec la chasse allemande au-dessus du Touquet. Il remportera ensuite plusieurs victoires sous les ordres de Dupérier ; le 19 août 1942, il accompagnera l’opération Jubilee de débarquement à Dieppe, au cours de laquelle il abattra trois avions ennemis mais perdra quatre hommes.

Quelques jours plus tard, Mouchotte se vit proposer le commandement d’un Squadron de la RAF – proposition flatteuse mais qu’il déclina car il s’agissait d’un Squadron de bombardement : « Il me faudrait faire la guerre à bord de lourds appareils sans grande vitesse, bombarder des objectifs ennemis en piqué à basse altitude et ne pas avoir même la chance de pouvoir lutter au cas d’une attaque de chasseurs allemands. (…) Je n’avais pas l’âme d’un bombardier*. » ( Les Carnets de René Mouchotte)

Le 1er janvier 1942, un nouveau groupe fut constitué au Tchad,1_1_5_2_f_image_5 afin d’appuyer l’action de Leclerc au Fezzan ; baptisé « Bretagne », commandé par Saint-Péreuse puis par le commandant de Maismont, il comprenait deux escadrilles : « Nantes » et « Rennes ». Deux autres groupes chargés de la surveillance côtière verront le jour en 1942 : « Artois », pour l’Atlantique-Sud ; « Picardie », pour la Méditerranée orientale.

Le groupe Normandie

Toujours en janvier 1942, afin de renforcer les relations de la France Libre et de l’URSS, de Gaulle décida d’envoyer un groupe de chasse sur le front de l’Est. la négociation conduite par le général Petit, chef de la mission militaire française à Moscou, se poursuivit jusqu’en novembre.1_1_5_2_g_image_6 Le « groupe de chasse n° 3 », comprenant 30 aviateurs et 30 techniciens, emmené par le commandant Pouliquen, quitta Rayak le 12 novembre pour rejoindre la base d’Ivanovo, au nord-est de Moscou. Successeur de Pouliquen, Tulasne lui trouvera bientôt un nom : « Normandie » et ses trois escadrilles furent baptisées « Le Havre », « Rouen » et « Cherbourg ». La première mission de guerre sera effectuée le 26 mars 1943. En juillet, une quinzaine de Français furent engagés dans la grande offensive d’Orel : il y eut plusieurs tués, dont le commandant Tulasne, remplacé à la tête de « Normandie » par le commandant Pouyade. A l’automne 1943, au moment où il sera envoyé au repos à Toula, le groupe était crédite 77 victoires, mais déplorait la perte de 21 pilotes.

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* Il s’évadera de l’hôpital de Derna et marchera trois jours dans le désert avant d’être recueilli par une patrouille alliée. Il mourra d’épuisement à l’hôpital d’Alexandrie le 6 janvier 1942.

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