Marseille, 12 juin 2021: Commémoration de la victoire de Bir-Hakeim

Marseille, 12 juin 2021: Commémoration de la victoire de Bir-Hakeim

Marseille, 12 juin 2021: Commémoration de la victoire de Bir-Hakeim

Texte de l’intervention du médecin en chef (R) Bernard François MICHEL, délégué de la Fondation de la France libre pour les Bouches-du-Rhône.

Mesdames et Messieurs,

Chers Compagnons,

Commémoration de la victoire de Bir-Hakeim à Marseille le 12/06/21. Cette cérémonie a été organisée par:
La Délégation des Bouches-du-Rhône de la Fondation de la France Libre
La Coordination des Anciens Combattants des Bouches-du-Rhône
La Mairie de MARSEILLE
Avec la participation :
Du Souvenir Français
De la Délégation des Bouches-du-Rhône de l’Ordre National du Mérite
Coll. Délégation des Bouches-du-Rhône de la FFL

En ce jour anniversaire de la victoire de BIR HAKEIM, permettez-moi de m’interroger sur ce que peut bien représenter, pour un jeune citoyen français de 2021, le mot de BIR HAKEIM ? Tout au plus pourra t’il répondre qu’il s’agit d’une station de métro parisienne. Quel Marseillais sait vraiment où se trouve la rue de BIR HAKEIM dans sa cité ?

Et pourtant il y a 79 ans le nom de BIR HAKEIM est soudain devenu célèbre dans le Monde entier, résonnant comme une éclatante victoire de la FRANCE LIBRE : « BIR HAKEIM, VALMY dans le désert, symbole de la résurrection de la FRANCE ».

Lorsque le 17 juin 1940 au matin, le Général De GAULLE quitte BORDEAUX pour rejoindre l’ANGLETERRE, il est seul, il n’a avec lui qu’un homme, son aide de camp, Geoffroy CHODRON DE COURCEL, « Mon premier compagnon et mon Ami pour toujours », mais il emporte avec lui une chose ô combien précieuse : l’Honneur de la FRANCE.

En effet, contrastant avec l’appel à cesser le combat de PÉTAIN et l’armistice qui va vite devenir collaboration avec le régime nazi, l’Appel de 18 juin 1940, restera pour toujours le symbole de l’espérance de toute une Nation. La première tâche à laquelle s’attelle le Général De GAULLE, après avoir parlé à la radio de LONDRES, c’est de « ramasser le tronçon du glaive », pour que la FRANCE reprenne la lutte aux côtés de l’ANGLETERRE et soit présente le jour de la Victoire.

Mais le tronçon est court et la tâche immense. Si De GAULLE est seul, il est reconnu par CHURCHILL comme le chef de tous les Français libres, ou qu’ils se trouvent. La FRANCE LIBRE vient de naitre et quelques unités éparses, dont la plupart proviennent du Corps expéditionnaire de NORVÈGE, vont former le noyau de ce qui sera plus tard le Première Division Française Libre : d’abord la Légion avec la 13° DBLE, puis quelques chars qui formeront le premier Régiment de Char de Combat, qui deviendra bien plus tard la 2° DB, quelques artilleurs, futur 1° Régiment d’Artillerie, enfin et surtout la première unité de la FRANCE LIBRE, créée à LONDRES début août 1940 par l’Amiral Émile MUSELIER, chef des forces Navales et aériennes de la FRANCE LIBRE, le Premier Régiment de Fusiliers Marins.

Les premiers soldats du Général De GAULLE, soudés autour de leur chef, qui n’étaient pas plus de 5000 à LONDRES en juin 1940, vont connaitre bien des déboires, non pas tant du fait de l’ennemi, mais à cause du régime de VICHY lui-même qui les considère comme des déserteurs, les condamne à mort et les déchoit de leur nationalité ! Sur le terrain c’est un combat fratricide et sans pitié, d’abord à DAKAR, puis au GABON, enfin et surtout pendant la douloureuse campagne de SYRIE, ou le patron des Fusiliers Marins, Robert DÉTROYAT est traitreusement abattu dans le dos par l’homme de VICHY qu’il vient de faire prisonnier et qu’il n’a pas désarmé, car il est officier.

Certes les armes de la FRANCE LIBRE vont connaitre quelques succès dès 1941, KÉREN, KUB KUB, MASSAOUAH, en CYRÉNAÏQUE résonnent comme autant de victoires – et De GAULLE en profite pour nommer ses premiers Compagnons de la Libération – mais elles sont acquises contre des troupes italiennes. Malgré tous ses efforts et la création à QASTINA en PALESTINE, de la Première Brigade Française Libre, au printemps 1942 (future 1° DFL), De GAULLE n’arrive pas à obtenir des alliés que des unités françaises soient engagés au combat. On a perdu confiance en la FRANCE depuis la terrible débâcle de 1940.

L’occasion va enfin être donnée enfin à la FRANCE LIBRE, en ce printemps 1942 de montrer la valeur de ses hommes. C’est à BIR HAKEIM, « le puits du sage », position que les anglais vont confier aux français pour permettre au la VIII° armée britannique de se reformer, face à l’Afrika Corps du meilleur général allemand, ROMMEL. Mais c’est presque une opération suicide car les français à 1 contre 10, sous les ordres du Général Pierre KOENIG, vont devoir subir du 27 mai au 10 juin les assauts incessants des chars, des canons et des avions de l’armée allemande déchainée. Le nombre d’avions de la Luftwaffe, engagés à BIR HAKEIM, est plus important que celui engagé lors de la bataille de STALINGRAD.

Ce sont des canons « Bofors », servis par les Fusiliers Marins d’Hubert AMYOT d’INVILLE, transformés en cavaliers du désert qui vont assurer la défense anti-aérienne du camp retranché, bombardé en permanence par des vagues de Junkers. Outre le 1° Régiment de Fusiliers Marins, la majorité des Unités présentes à BIR HAKEIM seront faites « Compagnon de la Libération » : la 13° DBLE, le 1° Régiment d’Artillerie, dont le canon de 75 dit le « rageur », aujourd’hui aux invalides, va entrer dans la légende, le Bataillon de Marche N°2 constitué en majorité d’Africains qui vont être héroïques, le BIM commandé par un Dominicain, le Père SAVEY qui va mourir le soir du 10 juin, fusionnera avec le Bataillon du Pacifique pour devenir le BIMP.

Les Médecins ne sont pas en reste, opérant nuit et jour sous les bombes, ils sont sous les ordres de Jean VIALARD-GOUDOU qui deviendra plus tard Directeur du Service de Santé Tropicale du PHARO à MARSEILLE. C’est lui, à la tête de ses ambulances, fait unique dans toute l’histoire de la Médecine Militaire, qui dans la nuit du 10 juin 1942, va conduire la sortie de vive force au travers des lignes allemandes, sauvant la grande majorité des hommes blessés à BIR HAKEIM.

De GAULLE qui vient gagner la une partie très importante, concrétisation de deux années d’efforts et d’abnégation va écrire dans ses mémoires : « La résistance de Kœnig revêt maintenant une importance capitale. Défense héroïque des Français ! – Magnifique fait d’armes ! – Les Allemands battus devant Bir-Hakeim ! annoncent avec éclat, à Londres, à New York, à Montréal, au Caire, à Rio, à Buenos Aires, toutes les trompettes de l’information. Nous approchons du but que nous avons visé en assurant aux troupes françaises libres – si réduit que soit leur effectif – un grand rôle dans une grande occasion. Pour le monde entier, le canon de Bir-Hakeim annonce le début du redressement de la France ».

Le 18 juin 1942, à LONDRES, la FRANCE LIBRE va devenir, unie avec la résistance intérieure, une seule et même France : la FRANCE COMBATTANTE.

Passant marseillais qui entend aujourd’hui mes paroles puisses-tu, à partir de cet instant, être fier, lorsque tu passeras devant la stèle ou dans la rue de BIR HAKEIM, de ce qu’a fait ton père dans le désert libyen il y a 79 ans. Il était Français, Africain, Vietnamien, Calédonien, Animiste, Chrétien, Juif, Musulman… ou même athée, mais il a apporté, par sa résistance, un magistral camouflet à l’orgueilleuse armée allemande et à l’ignoble théorie de la supériorité de la race aryenne.

Puisse, pour tes enfants de MARSEILLE, le nom de BIR HAKEIM être associé pour toujours aux valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité de la République Française !