La situation de ceux qui quittent les Antilles
À l’annonce de l’armistice, les conseils généraux martiniquais et guadeloupéens adoptent, respectivement le 24 juin et le 1er juillet 1940, une motion par laquelle ils appellent à continuer le combat aux côtés des Alliés et manifestent leur attachement à la République. Mais ils se heurtent à l’amiral Robert, haut-commissaire de la France aux Antilles, qui soutient le gouvernement français dirigé par Pétain. S’appuyant sur la force armée l’amiral Robert fait arrêter les dissidents notamment Paul Valentino, président du conseil général de Guadeloupe, ou Maurice des Étages, conseiller général de Martinique.
En Guyane, trois sociétés d’anciens combattants adoptent une position similaire le 26 juin appelant à poursuivre le combat aux côtés des Alliés. Le capitaine Chandon tente un coup de force contre le gouverneur qui échoue. Il passe alors au Surinam, pays voisin, d’où il organise l’évasion d’environ 200 relégués (internés dans les bagnes de Guyane) qui composeront le « bataillon des bagnards ». Dans les faits, aux Antilles de l’automne 1940 à la fin mars 1941, les formes d’opposition se limitent à des actes symboliques et à un mouvement encore diffus de départs vers les îles anglaises de la Dominique et de Sainte-Lucie.
[TÉMOIGNAGE] René Auque, « Une évasion de la Martinique », Revue de la France Libre, n° 160, janvier-février 1966
Bibliographie
Richard Château-Degat, « Le patriotisme français des Antillais : an tan Robè e an tan Sorin (1939-1943) », Outre-Mers. Revue d’histoire, 2013, n° 378-379, pp. 165-182.
Éric T. Jennings, « La dissidence aux Antilles (1940-1943) », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2000, n° 68, pp. 55-72.
Éric T. Jennings, Vichy sous les tropiques. La Révolution nationale à Madagascar, en Guadeloupe, en Indochine, Paris, Grasset, 2004.
Gilles Ragache, L’Outre-mer français dans la guerre (1939-1945), Paris, Economica, 2014.