Le général Jean Neuhauser
Né en 1897 d’une famille alsacienne sur le Territoire de Belfort, le futur général Neuhauser s’engage à 17 ans en 1914 dès la guerre déclarée. Il avait comme condisciple au lycée celui qui sera le gouverneur Parant, Compagnon de la Libération, mort en 1941. Il suit un cours de formation d’aspirant, et se spécialise dans l’artillerie de tranchée « les Crapouillots ». Il est grièvement blessé et en garde une légère claudication dont il surmonte le handicap avec bonne humeur.
La guerre finie il sert dans son arme au Maroc et fait colonne comme officier d’état-major d’un groupement. De retour en France, il est choisi comme officier du S.R, de l’armée pour sa compétence dans les questions germaniques. Puis il commande un groupe d’artillerie de forteresse.
Envoyé en Roumanie en 1939 pour créer une poste S.R. il conduit séparément la recherche du renseignement et l’action de sabotage des produits pétroliers destinés aux forces armées allemandes.
Dès l’armistice de 1940 il est acquis à l’appel du général de Gaulle, mais reste sur place tant que la situation est pour lui tenable. A la fin de 1942, il doit quitter Bucarest et rejoindre Beyrouth. Il y apporte les fils d’un important réseau couvrant une bonne partie des Balkans et la Wehrmacht jusqu’à Stalingrad par l’intermédiaire du corps d’armée roumain sous les ordres de Von Paulus.
Le ministre de France en Roumanie M. Truelle, grand blessé de 1914-1918 et patriote fervent, lui avait apporté une aide sans restriction. Il rejoint aussi Beyrouth au début de 1943 et est remplacé, hélas, par M. Paul Morand qui crée les plus grandes difficultés à tous les Français qui en Roumanie servent la cause nationale et non pas l’abandon vichyste. Le réseau Neuhauser doit surmonter les obstacles créés par l’ambassadeur de Vichy.
La guerre achevée le colonel Neuhauser reçoit, auprès du général Kœnig, la direction des recherches en Allemagne.
Nommé général, il quitte le service actif et se retire à Belfort en conservant une grande activité employée au soutien du général de Gaulle.
J’ai revu pour la dernière fois le général Neuhauser à Belfort en 1974. ll avait conservé la vivacité de l’esprit et la cordialité de l’accueil qui étaient ses traits dominants, après la rigueur du patriotisme et la droiture du caractère.
Général de C.A. Arnaud
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 223, 2e trimestre 1978.