Henri Déplante
Président d’honneur de l’Amicale des anciens parachutistes SAS de la France Libre
Henri Déplante est décédé à son domicile parisien le 16 mars 1996 ; ses obsèques ont été célébrées le 20 en l’église Saint-Honoré-d’Eylau, à Paris.
Lorsqu’il rejoint la Grande-Bretagne, où sa renommée l’avait précédé, il fut immédiatement sollicité pour mettre sa compétence au service de l’industrie aéronautique. Mais ce n’était pas cela qui avait motivé son évasion par l’Espagne. Son désir était de rentrer parmi les premiers en France les armes à la main. Quel gâchis, diront certains, mais ce n’était pas le cas des jeunes parachutistes de la France Libre, trop heureux de voir arriver des officiers de cette qualité.
Après avoir suivi un entraînement sévère avec le 2e Régiment de Chasseurs Parachutistes dans les camps d’Écosse, il fut désigné pour commander un des quatre premiers sticks qui sautèrent en France dans la nuit du 5 au 6 juin 1944; deux dans le Morbihan et deux dans les Côtes-du-Nord.
L’objectif était de reconnaître des zones de largage et de prendre contact avec la Résistance locale afin de préparer l’arrivée des éléments du 2e RCP qui étaient chargés de fixer sur place, le plus longtemps possible les 150 000 Allemands stationnés en Bretagne, empêchant ou retardant ainsi l’arrivée de renforts dans les jours qui suivraient le débarquement en Normandie.
Le 13 juin, le commandant Bourgoin l’envoya créer une zone intermédiaire au nord-ouest du Morbihan.
Il réussit là un travail extraordinaire, amalgamant avec diplomatie diverses tendances de la Résistance. Il sut en se déplaçant aussi souvent que possible échapper à la traque ennemie tout en organisant des parachutages d’armes.
Son sens aigu de la méthode lui permit avec ses SAS d’armer et d’encadrer la Résistance et de préparer la libération du Centre-Bretagne, où les Américains début août purent effectuer une marche triomphale.
Après deux mois et demi de combats meurtriers, les survivants se regroupèrent et se rééquipèrent à Vannes fin août.
Henri Déplante, à la tête de son squadron de Jeep puissamment armées, se distingua une fois encore au sud de la Loire lors d’opérations de harcèlement de colonnes ennemies refluant du sud-ouest, tentant d’échapper au piège qui se refermait.
À Noël 1944, c’est encore à la tête de son squadron de Jeep du 2e RCP qu’il partit pour la Belgique, où les Allemands avaient repris l’offensive.
Ensuite, la parenthèse SAS se referma dans la vie d’Henri Déplante lorsqu’il reçut l’ordre de réintégrer l’aéronautique. Tout d’abord à la SNCASO et, dès que possible, il rejoignit Marcel Dassault qui, le premier en 1930, embaucha ce jeune ingénieur tout frais émoulu de Centrale.
Chez Dassault, au poste de directeur général technique, il a contribué, au tout premier rang, à la prodigieuse réussite de toute la gamme des avions qui amenèrent la firme dans le peloton de tête de l’aviation moderne. Marcel Dassault disait de lui « qu’il était au cœur de tous les avions ».
Cet homme exemplaire fut à la fin de la guerre le premier président de l’Amicale des anciens parachutistes SAS de la France Libre, dont il devint par la suite président d’honneur.
Son activité professionnelle débordante ne l’empêchait pas de s’adonner à la peinture et écrire – deux livres consacrés à son passage dans la France Libre – Les Compagnons du clair de lune et La liberté tombée du ciel – et un troisième sur l’aéronautique : La conquête du ciel.
Henri Déplante, membre de l’académie de l’Air et de l’Espace, était commandeur de la Légion d’honneur, titulaire de la croix de guerre avec palmes, de la médaille de la Résistance, la DSO et la Medal of Freedom US, ainsi que de la médaille d’or de l’ACF…
Extrait de Revue de la France Libre, n° 294, 2e trimestre 1996.