F.A.F.L. et R.A.F., par Bernard Dupérier
Lorsque la rédaction de notre revue m’a demandé de rappeler quelques traits de la profonde amitié qui nous liait à nos Alliés britanniques pendant notre long exil, je me suis demandé avec perplexité lesquels choisir. Mais du fond de ma mémoire remontaient déjà les figures amies qui sont désormais attachées pour toujours à cette époque de notre vie, et parmi elles dominant les autres de toute sa haute taille, celle du Group Captain John Appleton, commandant le secteur de Tangmere ou nos escadrilles reçurent le baptême du feu.
Pour la première sortie du groupe, le 10 avril 1941, Michaël Robinson avait tenu à être personnellement à notre tête et c’est là, entouré de ses compagnons qu’il avait voulu près de lui pour se battre, qu’il trouva au-dessus du sol de France, une fin glorieuse. Son ailier, le lieutenant Choron, avait partagé jusque dans la mort le destin de son chef et cette journée tragique nous laissait deux deuils cruels à venger, celui du jeune officier britannique, au regard clair, qui avait choisi nos rangs pour son dernier vol et celui du pilote de chez nous qui l’avait suivi jusque dans le trépas.
Quelques mois plus lard, le Group Captain se portait volontaire pour participer au débarquement en Afrique du Nord. C’est là que, sur un terrain avancé de Tunisie, il devait être touché par les projectiles des Messerschmitt et perdre un pied dans des conditions particulièrement douloureuses. Mais c’eut été mal connaître ce magnifique soldat que de croire qu’une telle blessure ait pu le maintenir loin du combat.