La 1re compagnie d’infanterie de l’air
L’importante et efficace participation des parachutistes allemands, lors du déclenchement de l’offensive de mai 1940, n’a pas échappé au général de Gaulle. Elle a permis de prendre à revers les points forts des meilleures défenses et de faciliter la pénétration des blindés, en gardant intacts les ponts sur les grands fleuves. Le jour de la reconquête, les alliés, y compris les Français, devront nécessairement disposer d’importantes unités de ce type.
Dans ce but, le général de Gaulle crée, par ordre général n° 765 du 29 septembre 1940, la 1re compagnie d’infanterie de l’air dont le capitaine Georges Bergé prend le commandement. Il restait à trouver des volontaires parmi le faible effectif ayant décidé de poursuivre le combat. Le recrutement se fit surtout chez les jeunes qui avaient parfois pris mille risques afin de continuer à se battre.
Au mois d’octobre 1940, le commandant de la 1re CIA a pu recruter une cinquantaine de volontaires auxquels il a imposé un entraînement physique rigoureux. Parallèlement, ils suivent une formation les préparant à leurs futurs combats, dans différents centres, dont celui de Wothan (Kent). Celle-ci terminée, c’est à Ringway que le stage de sauts en parachute est effectué, permettant d’être breveté à sa sortie. Le capitaine Bergé, ainsi que deux officiers, quatre sous-officiers et dix-neuf hommes y ont effectué leurs stages du 20 novembre au 21 décembre 1940. En février 1941, un second groupe, sous les ordres du sous-lieutenant René-Georges Weill sera breveté à Ringway, après avoir fait son instruction à Camberley.
Dès le 10 janvier, Bergé et ses hommes sont envoyés dans un château du Kent, au nord de Londres, à la station 17, pour y effectuer un stage de renseignement et de sabotage. Cette formation terminée, il est proposé au commandant de la CIA d’effectuer en France occupée avec quatre de ses hommes, une mission ayant pour nom de code « Savannah ». Son but est de porter atteinte au potentiel de l’aviation ennemie en attaquant le car qui transporte, de Vannes à l’aérodrome de Meucon, les équipages de la Kampfgeschwader 100, escadrille réputée, composée de pilotes expérimentés servant de guide aux bombardiers.
Parachutés dans la nuit du 14 au 15 mars dans le Morbihan, Georges Bergé et son équipe de quatre hommes constatent que ce trajet ne se fait plus, les pilotes logeant sur place. Après avoir rassemblé un maximum d’informations pouvant intéresser le BCRA et le SOE, Bergé et Forman sont récupérés par le sous-marin le Tigris, au large de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, dans la nuit du 4 au 5 avril.
Une seconde mission « Joséphine B » est confiée à Forman, Vannier et Cabard qui sont parachutés, dans la nuit du 11 au 12 mai, près de Bordeaux pour détruire la centrale électrique de Pessac qui alimente les diesels des sous-marins allemands.
La décision, en juin 1941, de transférer la compagnie de parachutistes au Moyen-Orient, posait au BCRA et aux Britanniques un grave problème, car les hommes de Bergé, par leur entraînement et leur formation, étaient les plus aptes à effectuer des missions en France en apportant leurs techniques à la lutte clandestine naissante.
Le départ de la compagnie compromettant tout ce qui était en préparation et l’ensemble des projets en cours montés par les services secrets britanniques et français, il fut finalement décidé que seulement les deux tiers de l’unité partiraient pour le Moyen-Orient avec son chef, le capitaine Bergé, le tiers restant étant maintenu à la disposition du BCRA pour accomplir en France occupée, en 1941, les misions « torture », « Dastar », « Fabulus », « Barter », « Overcloud », « Mainwest B ».
Le 10 avril 1941, la première compagnie de l’infanterie de l’air quittait le commandement des forces aériennes françaises libres pour passer sous celui de l’armée de terre en devenant la « Première Compagnie Parachutiste » et le 21 juillet 1941, forte de cinquante hommes de troupe, 2 officiers, 1 médecin militaire, 3 sous-officiers, elle embarquait à Glasgow sur le Cameronian.
Après un long périple lui faisant contourner le Cap de Bonne Espérance, l’effectif atteignait le canal de Suez début septembre 1941 pour être dirigé sur Beyrouth d’abord, puis sur Damas, après avoir modifié son appellation en « Peloton de Parachutistes du Levant ». Changement éphémère car, par décision du général de Gaulle du 5 octobre 1941, elle deviendra « la première compagnie de chasseurs parachutistes ». Pour son entraînement, elle partira pour Kabret le 31 décembre 1941, sans savoir que son destin allait en être changé.