Yvon Morandat, figure exemplaire de la Résistance

Yvon Morandat, figure exemplaire de la Résistance

Yvon Morandat, figure exemplaire de la Résistance

Par Paul Rivière, alias Charles-Henri

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Yvon Morandat (RFL).

Notre bon compagnon et camarade de résistance, Yvon Morandat, n’est plus !

Celui que beaucoup d’entre nous avaient connu au cours de sa première mission en France, en 1941-1942, sous le pseudo de « Léo » avait été parachuté dans le Massif Central dans la nuit du 6 au 7 novembre 1941 pour prendre contact au nom de la France Libre avec les syndicats chrétiens qui, parmi les premiers, avaient manifesté un esprit de résistance à l’Allemagne hitlérienne.

D’Angleterre, où il était venu après la prise de Narvik à laquelle il avait participé, il avait répondu immédiatement à l’appel du 18 Juin et s’était mis aux ordres du général de Gaulle !

Son passé de dirigeant de la C.F.T.C. dès avant la guerre, dans l’Ain et la Savoie le désignait naturellement pour rallier à la France Libre ses anciens camarades des syndicats et les entraîner dans la résistance. En accord étroit avec Jean Moulin, arrivé en France moins de deux mois après lui, le 1er janvier 1942, et qui avait pour mission de faire l’unité derrière le général de Gaulle des diverses organisations de Résistance, il créa avec Lacoste, Brodier et quelques autres le M.O.F. : Mouvement Ouvrier Français, qui prétendait grouper tous les éléments syndicaux n’acceptant pas la formule « vichyssoise » de la « charte du travail » sous la botte de l’occupant. Cette prétention n’était pas vaine, on le vit bien en mai 1942, lorsque la radio de Londres appela tous les ouvriers à faire la grève pour protester contre la mainmise de la machine de guerre allemande sur les entreprises françaises.

Après une année de travail clandestin, aidé puissamment par son épouse Claire qui a toujours partagé sa vie et ses efforts, il rejoint l’Angleterre en novembre 1942 par une opération aérienne au départ du terrain « Courgette », près de Lons-le-Saunier. De là il s’en va en Afrique du Nord pour participer aux travaux de l’Assemblée d’Alger qui est en train de se constituer. Mais cette vie sédentaire convient mal à son tempérament d’homme d’action et il demande à retourner en France pour continuer le combat clandestin au sein de la Délégation civile avec ses camarades. Il est parachuté à nouveau le 29 janvier 1944 sous le pseudo « Arnolphe » sur le terrain «Ajusteur» près de Saint-Uze dans la Drôme.

Dès son retour, il prépare, à Paris, avec Alexandre Parodi, délégué du gouvernement provisoire de la République, les diverses mesures administratives à mettre en place en prévision du débarquement prochain. C’est ainsi qu’au moment où la 2e D.B. pénétrait avec ses premiers chars dans Paris, Yvon Morandat et Claire, son épouse, entraient les premiers à l’Hôtel Matignon que venaient de quitter Laval et sa clique.

Fait Compagnon de la Libération par le général de Gaulle pour son action éminente en France occupée, il fut promu grand officier de la Légion d’honneur quelques semaines avant sa mort.

Nous, ses compagnons, nous garderons, vivant et fidèle, le souvenir de cet homme de caractère qui alliait à une grande simplicité des qualités de cœur exceptionnelles, qui sut conserver, par delà les honneurs et les hautes fonctions qui lui furent confiées, le sens profond de l’amitié, et dont la vie tout entière a pour nous une valeur d’exemple.

À sa mère, à son épouse, à son frère qui fut l’un de nos camarades, à tous les siens, nous voulons dire notre sympathie attristée et affectueuse.

Extrait de la Revue de la France Libre, n° 198, novembre-décembre 1972.