Voix et relais de la France Libre: les « Français parlent aux Français » la BBC
Rallier l’opinion publique, française et internationale, à la légitimité du combat de la France Libre, telle est la mission assignée à ces inlassables propagateurs du message du 18 juin : des « Français parlent aux Français », l’émission-phare de la France Libre sur les ondes de la BBC à la soixantaine de Comités de la France Libre à travers le monde.
POM-POM-POM-POM. Cet indicatif radiophonique est le plus célèbre du monde et même pour ceux qui n’étaient pas d’âge à l’écouter entre 1940-1944, ces quatre notes existent dans notre histoire comme l’indicatif qui annonçait chaque soir : « Les Français parlent aux Français ».
La première « radio libre », c’était en juin 1940, un programme de quelques minutes sur les ondes de la radio britannique la BBC. Au matin du 18 juin, le premier ministre Winston Churchill donne au général de Gaulle, arrivé la veille de France, l’autorisation de s’adresser le soir même à ses compatriotes dans une émission de la BBC.
Charles de Gaulle, pose ses gants sur la table du studio de Bush House, l’immeuble officiel de la BBC. Un technicien britannique lui demande, selon l’usage, de faire un essai de micro. « La France » dit le général, et se tournant vers la cabine technique : « Ça va comme ça ? »
Dans ce premier discours, le général de Gaulle va donner, ce soir-là, toutes les raisons de combattre et d’espérer, avec, en conclusion, ce grand pari devant l’histoire : « La Flamme de la Résistance française ne doit pas s’éteindre. Elle ne s’éteindra pas ».
Dans le couloir, un homme aussi grand que le général, le journaliste Yves Morvan qui a été affecté officiellement le 12 juin 1940 au service français de la BBC ; prendra bientôt le nom de guerre, de Jean Marin avant d’être rejoint par un peintre, Jean Oberlé, Pierre Maillaud, un autre journaliste qui se fera appeler Pierre Bourdan. Arrivent encore Pierre Lefèvre, Jacques Brunius, un poète et un homme de théâtre Jacques Duchesne (Michel Saint-Denis à la scène). Il va prendre la direction de l’équipe des «Français parlent aux Français » où arriveront bientôt Franck Bauer, Pierre Dac, André Diamant-Berger qui deviendra André Gillois, Maurice Schumann qui sera le porte-parole officiel de la France Libre.
Jusqu’à la libération de 1944, cette émission de radio va mettre en fureur la propagande de l’ennemi (« Radio Paris ment, Radio Paris est allemand »). Chaque soir, les Français et les Françaises, ceux des maquis et ceux qui refusent de céder à la collaboration, chaque soir plus nombreux, viendront se rafraîchir et reprendre des forces à la source de l’Espoir.
« Marguerite n’a pas froid aux yeux » ou encore: « les deux pigeons se promènent sur le balcon », ces fameux messages personnels étaient attendus avec impatience dans les maquis et avec perplexité par les spécialistes de la Gestapo.
Dans « Les Français parlent aux Français », il y avait aussi une certaine philosophie de l’information, qu’on aurait bien tort d’oublier. Pierre Bourdan et ses amis disaient lorsque chaque soir: « nous annonçons toutes les mauvaises nouvelles, c’est pourquoi on nous croit aussi lorsque nous annonçons les bonnes nouvelles ».
Le premier, le général de Gaulle avait compris que la radio pouvait devenir une arme redoutable dans les guerres modernes. Il l’a écrit dans ses Mémoires de Guerre : « On comprendra quelle importance nous attachions à nos brèves émissions de Londres. Tous les huit jours environ, je parlais moi-même avec l’émouvante impression d’accomplir, pour des millions d’auditeurs qui m’écoutaient dans l’angoisse à travers mes allocutions sur des éléments très simples : le cours de la guerre. la fierté nationale. enfin, l’espoir de la victoire et d’une œuvre de grandeur pour « notre dame la France » ».