Le Tchad et le Congo

Le Tchad et le Congo

Le Tchad et le Congo

Dès qu’il eut entendu l’appel du général de Gaulle, le gouverneur Éboué a correspondu avec plusieurs gouverneurs et gouverneurs généraux, tout spécialement avec Boisson qui était encore à Brazzaville, afin de déterminer un mouvement d’ensemble en Afrique.
Les réponses d’abord enthousiastes, sont bientôt devenues décevantes et M. Éboué sentit la nécessité de s’adresser directement au général de Gaulle. C’est ainsi qu’il envoya le 5 juillet M. Henri Laurentie auprès du gouverneur général du Nigeria à qui il devait demander, entre autres choses, de transmettre au général de Gaulle le message dont le texte manuscrit est resté entre les mains du gouverneur général Bourdillon qui était rédigé à peu près comme suit :
« Territoire Tchad déterminé quoi qu’il arrive à poursuivre la guerre sous votre autorité sollicite vos instructions. ÉBOUÉ. »
Entre temps, Boisson fut remplacé par Husson qui exécutait fidèlement les ordres de Vichy.
Mais des contacts ayant été pris avec Londres, des pourparlers furent engagés.
Et le 24 août, arrivèrent par avion à Lagos, M. Pleven, délégué du général de Gaulle, accompagné du capitaine de Boislambert et du commandant Leclerc.
Le 23 août, accompagné du commandant d’Ornano, M. Pleven arrive à Fort-Lamy où le gouverneur Éboué l’accueille avec enthousiasme.
Et le 26 août, le gouverneur Éboué proclame l’indépendance du Tchad dans ces termes :
« Le Tchad est devenu français grâce à l’abnégation, au courage, à la volonté, au travail d’une phalange de soldats, d’administrateurs et de colons dont l’esprit est devenu dans toute l’Afrique le « symbole de l’énergie française ».

« Gardiennes des marches de l’Afrique française, avant-postes d’une armée qui a dû déposer les armes avant même d’avoir combattu, les garnisons du Tchad se sont soumises avec douleur, mais dans la plus stricte discipline, à un armistice qui fut conclu sans que fût consulté l’Empire français.

« Au cours des deux derniers mois, les Français d’Afrique ont constaté que l’armistice ne se borne pas à obliger la France à abandonner la lutte, mais que, sous la contrainte évidente de l’ennemi le gouvernement métropolitain est obligé d’accumuler les mesures d’hostilité envers la Grande-Bretagne et d’imposer à l’Afrique française une politique d’isolement économique qui mène les populations indigènes aussi bien que les Européens à la ruine.

« Le gouverneur du Tchad et le commandant militaire du Territoire constatant que les intérêts de toute nature confiés à leur garde sont mis en péril par une politique qui ignore les nécessités de la vie du territoire, convaincus que la restauration de la grandeur et de l’indépendance française exige que la France d’outre-mer continue à se battre aux côtés de la Grande-Bretagne, décident de proclamer l’Union du territoire et des troupes qui le protègent aux Forces Françaises Libres du général de Gaulle, d’organiser immédiatement une coopération économique étroite avec les colonies britanniques voisines et de faire appel aux autres parties de l’Afrique française également menacées pour qu’elles imitent l’exemple du Tchad.

«Fidèles à l’esprit des aînés, les Tchadiens garderont le territoire à la France envers et contre tous. »
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Et, dans le même temps, le colonel de Larminat, débarqué dans le plus grand secret à Brazzaville le 19 août 1940, menait son action qui aboutit le 20 août à la proclamation.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 156 bis, juin 1965.