Préparation de la défense
par Pierre Gabard
Pendant plusieurs mois le général de Larminat venait une à deux fois par semaine inspecter les différents secteurs.
Je le revois parcourant de son grand pas souple le front de ma compagnie. Il n’était pas commode car il voulait que la défense soit profondément enterrée et il examinait à chaque emplacement le plan de feu.
Mon terrain n’était pas facile et si ma première section à droite avait pu creuser des tranchées et des abris profonds, il n’en était malheureusement pas de même pour mes deux autres sections qui, sous cinquante centimètres de sable, trouvaient des couches de roches où pioches et pelles venaient se briser.
On avait mis des sacs à terre pour se protéger; ça, le général de Larminat n’en voulait pas. Il fallait que le terrain ne dévoile aucune installation de défense facile à repérer par les télémétreurs ennemis. Il insistait et nous avons obéi.
Lorsque Rommel vint nous encercler et que le combat fit rage, nous étions à l’abri des bombes, des obus et des balles. Aucune position de défense n’était visible pour l’ennemi qui venait se faire massacrer à deux pas de nous. Nous étions bien les fantômes de Bir-Hakeim, ainsi que Rommel nous appelait.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 168, juin 1967.