Vers la Libération
Les ultimes tentatives de Roosevelt, appuyées cette fois par Churchill, pour éliminer, politiquement, de Gaulle échouèrent devant l’opposition de la majorité du comité de guerre britannique et les mises en garde de l’État-major américain : l’un et l’autre évoquèrent le soutien massif et unanime que de Gaulle avait reçu désormais de toute la résistance française.
L’objectif que la France Libre poursuivait depuis l’été 1940 est alors atteint : la reconnaissance internationale d’un gouvernement français s’identifiant à la France elle-même, grâce à la part qu’il prenait à la guerre. Le 26 août 1943, les États-Unis reconnaissent le CFLN, mais seulement comme « l’organisme gouvernant les territoires d’Outre-Mer qui reconnaissent leur autorité ». Le gouvernement britannique ne lui accorde aussi qu’une reconnaissance limitée mais assez positive pour qu’on puisse penser qu’il ne s’agissait que d’une précaution de langage. L’Union soviétique reconnaissait le nouveau comité comme le représentant des intérêts gouvernementaux de la République française, et le général de Gaulle comme « le Chef de tous les Français patriotes combattant contre la tyrannie hitlérienne ».
Après les débarquements du 6 juin et du 15 août 1944, le moment est venu de « l’insurrection nationale » que de Gaulle, deux ans auparavant, avait déclaré inséparable de la « Libération nationale ». Elle permit, presque partout, l’établissement des pouvoirs politiques et civils de la France libérée et fut déclenchée suivant les exigences du commandement allié et suivant le rythme des opérations. De Gaulle avait voulu, pour symboliser l’indissoluble lien entre la France Libre et la Résistance intérieure que ce fut le général Koenig, vainqueur de Bir Hakeim, qui soit le chef des Forces françaises de l’intérieur.