Le ralliement de Lucienne Cloarec
Les faits
Lucienne Cloarec (28 janvier 1915, Toulon – 23 février 2013, Reims) est la fille d’un officier de marine mort pour la France en 1916.
En 1942, elle cache et héberge des jeunes gens chez sa mère, Mme veuve Cloarec, au 7 quai de Léon à Morlaix (Finistère), où elle exerce la profession de masseuse et pédicure.
Son frère Robert est arrêté à Rouen le 22 mai 1942 pour faits de résistance et fusillé le 28 août suivant, à l’âge de 29 ans.
Malgré la surveillance allemande, elle poursuit son action, hébergeant trois autres jeunes gens de Charleville qui veulent partir en Angleterre : André Poirier, Pierre Tumers, André Voisin, qui parviennent à s’engager dans les Forces aériennes françaises libres en 1942. Le 6 mars 1943, trois autres jeunes – François Hélias, Alex Priac et Louis Kernanec – se présentent chez les Cloarec pour y être hébergés avant leur départ pour l’Angleterre. Ils sont suivis, le 13 mars, par un aviateur américain dont le bombardier a été abattu par les Allemands. Lucienne Cloarec cache les quatre hommes pendant trois semaines, avant leur prise en charge par le réseau d’évasion d’Ernest Sibiril, à Carantec.
Le 30 mars 1943, à minuit, Lucienne Cloarec accompagnée de 17 hommes (dont les quatre qu’elle hébergeait) – Jean Bodolec, Joseph Boulic, Yves Cadiou, Jean et Marcel Donval, François Hélias, François Hémon, Louis Kernanec, Roger Marrec, Ernest Moriarty, Jean Person, Alex Priac, François Prigent, Guillaume Rioual, Jean Jourdren et un imprimeur clandestin du Havre – embarque sur le Jean, goémonier à voile de 6,50 m commandé par Jean Gestalin, qui transporte des documents et du courrier pour les services secrets alliés.
Au terme d’une traversée périlleuse de 24 heures, le bateau accoste à Salcome le 31 mars, à 20 heures.
Dirigée sur Londres le 1er avril et conduite à Patriotic School, Lucienne Cloarec est interrogée par l’Intelligence Service. Puis elle est présentée à Maurice Schumann qui, impressionné par son récit, la fait connaître à de nombreuses personnalités de la France Libre et convoque une conférence de presse. Le 15 avril au soir, elle intervient dans l’émission de Schumann à la BBC.
Reçue le lendemain par le général de Gaulle, qui la questionne sur la situation en Bretagne, elle apprend de la bouche de Claude Hettier de Boislambert, quelques jours plus tard, que le Général a décidé de lui décerner la médaille de la Résistance.
Engagée le 3 mai dans les Forces navales françaises libres (FNFL), à la section féminine de la flotte (SFF), elle est affectée en qualité d’infirmière à la maison de santé « Pasteur Lister », à Beaconsfield. Le 23 août 1943, elle est mutée à l’infirmerie de l’état-major des Forces navales françaises de Grande-Bretagne.
Le 27 janvier 1944, elle cesse son activité dans les forces navales, à la suite de son mariage avec André Verrier, commissaire de 1re classe dans les FNFL.
Les documents
Le ralliement a fait notamment l’objet d’un article de La Lettre de la France Combattante, éditée par le service d’information de la France Libre à Londres. Intitulé, dans sa version anglaise, « Melle Lucienne escapes in a fishing boat », il paraît dans le n° 3 du vol. III, page 5, en avril 1943.
De son côté, le service de presse et d’information français, à New York, fait paraître en quatrième de couverture, page 36, du n° 1 du volume 4 du bimensuel Free France, édité à New York le 1er juillet 1943, une photographie pleine page de Lucienne Cloarec.