Horrificques Chroniques de l’Ost du pays de Tchad en la guerre de Érythrée, de François Garbit
L’auteur
François Garbit (22 février 1910, Marseille – 7 décembre 1941, hôpital de Damas) est le fils du général de division Garbit, mort des suites de blessures reçues durant la Grande Guerre. Profondément catholique, il étudie à l’externat Saint-Joseph à Lyon, où il se lie d’amitié avec Henri Groues, futur abbé Pierre, puis à l’externat des Pères jésuites, avant d’entrer à Saint-Cyr (1929-1931). Ayant opté pour l’infanterie coloniale, il part en mai 1932 pour la Mauritanie, où il commande le poste de Nouakchott, puis est affecté, avec le grade de lieutenant, au poste de Fort-Gouraud, nouvellement construit, avant de rejoindre le groupe nomade d’Idjil, avec lequel il participe, en avril 1934, à la première liaison entre les troupes des confins algéro-marocains et de Mauritanie à Bel Gardane.
Il réalise également des travaux topographiques et la première étude géographique de la Kedia d’Idjil, montagne du nord de la Mauritanie. Après un passage par le Service géographique de l’armée à Paris, il prend en 1936 le commandement du groupe nomade de l’Ennedi, au Tchad.
Promu capitaine en septembre 1939 et muté à un détachement de renfort pour la France dirigé en mars 1940 vers Brazzaville puis Pointe-Noire, il rallie le général de Gaulle avec l’Afrique équatoriale française (26-28 août 1940) et prend le commandement de la 2e compagnie du bataillon de marche n° 3 (BM3).
Engagé dans la campagne d’Érythrée contre les Italiens, il combat à Kub-Kub (20 février 1941) et Keren (26 mars 1941). Son courage et son talent manœuvrier lui valent d’être fait compagnon de la Libération par le général de Gaulle par décret du 23 juin 1941.
Passé en Palestine, il participe, en juin 1941, à la campagne de Syrie, où s’affrontent Forces françaises libres et Vichystes. Blessé par balle à l’épaule et à la jambe lors de son entrée en Syrie avec une compagnie australienne, le 8 juin, il rejoint son bataillon à l’automne dans le Djebel Druze, où il mène des missions de contact avec la population.
Ayant contracté une fièvre typhoïde, il meurt à l’hôpital de Damas, à l’âge de 31 ans.
Bibliographie
Horrificques Chroniques de l’Ost du pays de Tchad en la guerre de Érythrée, contées par messire François Barberousse, grand rêveur de songes-creux et abstracteur de quinte-essence, Tel Aviv, imprimerie « Hapoel Hazair », [1941], 24 p. (voir un extrait).
Un témoignage [volume de lettres à sa mère], Le Caire, 1943 (voir un extrait).
Vers le plus grand amour : lettres de François Garbit, préface de l’abbé Pierre, Namur, Éditions du Soleil Levant, 1962, 178 p.
Carnets de route d’un méhariste du Tchad, présentés par Jean d’Arbaumont, Saint-Maur des Fossés, Éditions Sépia, 1997, 196 p.
Dernières lettres d’Afrique et du Levant (1940-41), présentation de Jean d’Arbaumont, préface de Pierre Messmer, postface de l’abbé Pierre, Saint-Maur des Fossés, Éditions Sépia, 1999, 166-XII p.
Le document
Écrit au printemps 1941, dans la période de repos qui suit la prise de Keren et de Massaouah, avant l’embarquement pour la Palestine sur le paquebot Paul Doumer, le texte raconte la campagne d’Érythrée sous une forme truculente. L’auteur en fait la lecture lors d’un repas de « gala » organisé pour la fête de Pâques (13 avril 1941), et il circule parmi les Français Libres du camp de Qastina (Palestine), avant d’être imprimé à Tel Aviv sous la forme d’une plaquette de vingt-quatre pages de dimensions 15 x 21 cm. Les titres, sous-titres et lettrines sont en caractères gothiques rouges. La couverture est faite d’un carton imitant le parchemin. Le livre est agrafé et relié à la corde.
L’auteur avoue, en page 2, s’être inspiré non seulement des chroniques de Jean Froissart et des romans de François Rabelais, mais aussi des Horrificques Chroniques de Dromadairicoles du pays d’Idjil, du lieutenant Georges Salvy, camarade de promotion de Saint-Cyr, qui avait servi avec Garbit à Fort-Gouraud puis au groupe nomade d’Idjil, également auteur de poèmes illustrant les heurs et malheurs des méharistes.
L’exemplaire ci-dessous, numéroté à la plume (n° 70), a été dédicacé par l’auteur « à monsieur le général de Larminat qui vint libérer l’Afrique Équatoriale Française, en témoignage de respectueuse reconnaissance ».
Il comprend plusieurs corrections et ajouts effectués à la plume. Les quatre premières sont sans doute de l’auteur lui-même, l’encre employée correspondant à celle de la numérotation de l’exemplaire et de la dédicace :
Page 5, ligne 4, « avoit-il » au lieu de « avoit-in ».
Page 18, ligne 1, un « t » a été rajouté au « baron de Sain-Pol ».
Page 18, ligne 6, les galères « royales » ont été mises au pluriel.
Page 18, ligne 11, même correction pour « sans nouvelles ».
Deux autres encres différentes ont été employées – également par l’auteur ? par le général de Larminat ? – dans le « chapitre quint ». La première, de teinte plus sombre, pour remplacer « transperter » par « transporter », page 20, ligne 4, et « galemment » par « galamment », page 22, ligne 7. Toutes les autres modifications sont à l’encre bleue :
Page 19, ligne 2, le « P » de « philistins » a été mis en majuscule, pour désigner le peuple de l’Antiquité, et non une personne d’esprit fermée aux lettres, aux arts et aux nouveautés.
Page 19, ligne 10, un « e » remplace « o » en exposant de la « 13e Légion ».
Page 19, ligne 15, une majuscule a été ajoutée à la guerre de « Cent ans ».
Page 19, ligne 16, « , et mesmement la teste » a été ajouté après « y avoit perdu les bras et les jambes ».
Un « L » majuscule a été mis à « légion », page 19, avant-dernière ligne, et « légionnaires », page 20, lignes 7 et 13.
Enfin, page 20, ligne 17, un « u » superflu a été supprimé à « la ville d’aussaut ».
D’autres exemplaires comportent la clef de personnages :
Le duc de Macaroni : Benito Mussolini.
Fiérabras : le général Eugène Husson, gouverneur général d’AEF en 1940.
Picrochole : le colonel Pierre Marchand, commandant le régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST), compagnon de la Libération.
Duc de Saint Michel : le lieutenant-colonel Jean Colonna d’Ornano, adjoint du commandant du RTST, tué à Mourzouk (11 janvier 1941), compagnon de la Libération.
Duc de Longuechausse : le chef de bataillon Pierre Garbay, commandant du BM3, compagnon de la Libération.
Duc de Bavière : le capitaine Georges Bavière, commandant la compagnie d’accompagnement du BM3, compagnon de la Libération.
Seigneur Joyeusini : le capitaine Étienne Allegrini, commandant la 10e compagnie du BM3.
Baron de Saint-Pol : le capitaine Maxime d’André, commandant le 9e compagnie du BM3.
François Barberousse : le capitaine François Garbit, commandant la 11e compagnie du BM3, compagnon de la Libération.
Docteur Léglenus : le lieutenant Léon Glenat, instituteur.
Sire des Maures : le capitaine Henri Morin, médecin chef du BM3.
Père Hildebrand : le Père Jules Hirlemann, aumônier du BM3, compagnon de la Libération.
Duc de Hautecouille : le général Philippe Leclerc de Hauteclocque, compagnon de la Libération.
Vous pouvez télécharger le texte de la plaquette au format pdf en cliquant sur l’image ci-dessous :
Lettre de l’auteur à sa mère
On comparera ce texte avec le récit que François Garbit fait de la bataille, dans la lettre qu’il adresse à sa mère le 4 mars 1941, plus de deux semaines après la prise de Kub-Kub, le 14 février.
Croquis des combats