Colonel Gaston Vedel
Compagnon de la Libération – commandeur de la Légion d’honneur
Pionnier des lignes Latécoère, FFL, grand résistant, Gaston Vedel est décédé le 22 juin à Saint-Paul-Cap de Joux (Tarn).
Avec lui, c’est un Tarnais de légende qui disparaît.
Un personnage ! Comment saluer Gaston Vedel qui nous a quittés dans sa 94e année, par un autre qualificatif que celui-ci.
Il exprime la carrure de l’homme, son charisme, le salut que l’on doit à un parcours peu ordinaire qui en a fait l’acteur volontaire engagé dans tous les combats du siècle, y compris ses drames.
L’Espagne, l’Éthiopie… Les lecteurs du « Pilote oublié » le livre de souvenirs qu’il publia il y a une quinzaine d’années (Gallimard) connaissent les grandes pages de la vie aventureuse de ce Tarnais né dans le Carmausin l’année précédant le siècle et qui, passionné par l’aviation sera dès 1923 au retour de la guerre 1914-1918 (il s’était engagé à 18 ans), l’un des pilotes de la première génération des lignes aériennes Latécoère. Il survolera ainsi à bord d’un biplan Bréguet 14 l’Espagne de Toulouse Montaudran à Casablanca (Maroc) jusqu’à ce qu’un grave accident ne l’écarte de la ligne deux ans plus tard. Rétabli Gaston Vedel n’aura de cesse de voler à nouveau. Il acceptera ainsi un contrat en Éthiopie où il formera les premiers pilotes locaux du Négus, avant d’être intégré à Air France après la faillite de l’Aéropostale. Nommé chef d’escale à Barcelone pendant la guerre civile il côtoiera à ce poste clef des personnalités du monde entier dont notamment Jean Mermoz à la veille de sa disparition, mais aussi Malraux et Kessel avec lesquels il conservera des liens. Mais c’est pendant la Seconde Guerre mondiale que Gaston Vedel donnera toute sa mesure, engagé dans les Forces Françaises Libres dès 1940 il fonda en France un important réseau de renseignements.
A défaut de le capturer, les coups de l’ennemi porteront d’abord sur son épouse Odette Vedel ; arrêtée en 1943, elle connaîtra les horreurs de Ravensbrück où sa santé se détériorera à jamais. Lui-même arrêté en août 1944 à Paris, connaîtra les camps de la mort de Buchenwald et de Dora. Très meurtris mais vivants ils purent se retrouver à la libération des camps.
Ses obsèques furent célébrées en l’église de son village, en présence de monsieur le préfet du Tarn, et de toutes les autorités civiles, militaires et religieuses du département.
Une section du 8e RPIMA de Castres rendait les honneurs. Une importante délégation d’officiers de l’armée de l’air était présente. Après l’office suivi par une foule énorme, un dernier adieu fût adressé à notre camarade par monsieur le préfet, le maire de Saint-Paul, le président des Déportés, rappelant tous en des termes divers : Monsieur Vedel, «Vous avez porté très haut l’exemple d’une vie d’exception » !
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 283, 3e trimestre 1993.