La formation de la 2e DB (février 1943-juillet 1944)

La formation de la 2<sup>e</sup> DB (février 1943-juillet 1944)

La formation de la 2e DB (février 1943-juillet 1944)

La « Force L » en Tunisie (février-juin 1943)

1_1_3_3_map1Après avoir abandonné le commandement des troupes de l’Afrique française libre au général Marchand, Leclerc rencontre à Ghadamès le général Delay, commandant le front Est-saharien du Sud algérien : c’est la première liaison des FFL et de l’armée d’Afrique (2 février 1943). Dix jours plus tard, la « Colonne Leclerc » devient « Force L » (comme Leclerc) dans le cadre de la 8e armée britannique. Le 20 février , jour où Rommel s’empare de Kasserine, Leclerc parvient à Ksar Rhilane ; sa mission est de couvrir le flanc gauche de la 8e armée britannique, qui contrôle Tatahouine et Medenine. Quatre jours plus tard, le BIMP (1re DFL) prend position dans le secteur. Dans les premiers jours de mars, Rommel lance l’opération Capri, destinée à reprendre Medenine et à atteindre le golfe de Gabès ; il est repoussé par les Alliés et subit des pertes importantes. La Force L – rejointe par le « Colonne volante » *- est violemment prise à partie à Ksar Rhilane, mais elle résiste vaillamment – avec l’appui de la Royal Air Force.

Rommel, partisan d’évacuer la Tunisie, est remplacé par le général von Arnim, mais celui-ci ne parvient pas à renverser le cours des événements. Le 20 mars, Montgomery passe à l’offensive sur la ligne Mareth ; il se heurte à une vive opposition ennemie, qui l’oblige à un manœuvre de débordement, appuyée par plusieurs groupements de la Force L. Huit jours plus tard, la prise de Gabès par Leclerc obligera les Allemands à décrocher et permettra aux Américains du général Patton de reprendre Gafsa.1_1_3_3_b_image_1 Le 2 avril, Leclerc rencontre Giraud à Gabès : il tente vainement de le persuader que seul de Gaulle peut réaliser l’union de tous les Français. La Force L entre à Kairouan le 12 avril. Jusqu’au bout, les forces de l’Axe opposeront aux Alliés une résistance acharnée, mais l’issue des combats de peut faire de doute. Tunis et Bizerte sont libérées le 7 mai ; le 20, Leclerc participe au défilé de la victoire à la tête d’un détachement de tirailleurs. Il est nommé général de division le 25 mai ; le 30, la Force L devient officiellement 2e DFL. Giraud, qui possède encore le commandement militaire en Afrique du Nord, décide de renvoyer en Libye cette unité beaucoup trop « gaulliste » à ses yeux (10 juin 1943).

Formation de la 2e DB au Maroc (juillet 1943-avril 1944)

Leclerc va profiter de ce séjour forcé au camp de Sabratha pour réorganiser sa division et surtout l’étoffer avec de nouvelles unités, prélevées sur l’armée d’Afrique ou constituées par de jeunes évadés de France, arrivés par l’Espagne. Malgré tous ses efforts, ses effectifs demeurent modestes (moins de 4.000 hommes, alors qu’une division classique en compte quatre fois plus !), mais cette insuffisance numérique est compensée par le prestige dont jouissent « l’armée Leclerc » et son chef depuis l’affaire de Koufra. Le 13 août, entre deux missions à Alger et au Maroc, Leclerc confie à ses subordonnés : « Pendant trois ans, dans notre coin, nous avons représenté la France au combat et tenu son épée. Aujourd’hui, l’armée française reprend la lutte, notre mission est terminée. Nous avons été le trait d’union. Il ne nous reste plus qu’à rentrer dans cette armée puisqu’elle est décidée à combattre. (…) Il convient toutefois de conserver intact l’esprit de la France Combattante ** car il a fait ses preuves et représente l’esprit de la France. »

1_1_3_3_c_image_2Le 24 août 1943, la 2e DFL devient officiellement la 2e division blindée (2e DB), sur le modèle des brigades américaines, avec des Combat Command (groupements tactiques), formations interarmes adaptées aux conditions du combat. Leclerc souhaite faire de sa division un symbole de l’unité nationale, sous l’autorité du général de Gaulle, chef suprême et unique de la France Combattante. En septembre, la 2e DB est regroupée au camp de Temara (Maroc), où elle va parfaire son entraînement et compléter ses effectifs jusqu’en avril 1944. A partir du 10 avril, elle commence à quitter le Maroc pour l’Angleterre, où elle est affectée à la 3e armée américaine de Patton.

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* La « Colonne volante », commandée par le commandant Jean Rémy, était composé d’un régiment de spahis et d’une compagnie de chars de combat. Elle comprenait 314 hommes et était dotée de – notamment – 24 automitrailleuses et 14 chars. Les spahis avaient participé aux campagnes d’Erythrée, de Syrie, de Libye et à la bataille d’El Alamein.
** La France Combattante avait officiellement succédé à la France Libre le 13 juillet 1942. Dans l’esprit de De Gaulle, il convenait désormais d’associer dans une même entité – et sous une même autorité, incarnée par le Comité national français dont il était le chef – la France Libre et « la France captive », qui luttait contre l’occupant allemand et ses alliés français sur le territoire national, dans le cadre des mouvements de Résistance et des premiers maquis. Dans le même temps, les Forces françaises libres devenaient Forces françaises combattantes. Cependant, l’appellation France Libre continuera d’être employée jusqu’à la fin de la guerre et les Français libres ne renonceront jamais à leur identité.

< La « Colonne du Tchad » s’empare de Koufra et du Fezzan (décembre 1940-janvier 1943)

> Suite : La bataille de Normandie (août 1944)