Le débarquement en Provence et la campagne de France (août 1944-mai 1945)
Le débarquement de Provence
L’armée B débarque en Provence le 16 août 1944, après la conquête de la tête de pont par le 6e corps d’armée américain. Sa mission est essentielle : elle doit s’emparer de Toulon et de Marseille, solidement défendues par les Allemands. Au Rayol, à Cavalaire, à Saint-Tropez, les Français prennent pied ; dans les jours suivants, la DFL prendra une part décisive à la prise de Toulon (27 août). Le lendemain, Marseille sera à son tour libérée. La Provence était tombée en deux semaines, au terme d’un manœuvre exemplaire, qui sera saluée en ces termes par le général américain Alexander Patch, commandant l’ensemble des troupes de débarquement : “Vous avez rendu à la France son port de guerre le plus important et son premier port de commerce. Vous avez remporté une grande victoire et mérité la reconnaissance de la France et des Alliés.”
L’armée B remonte ensuite vers Saint-Etienne et Lyon, qui sont libérées dans les premiers jours de septembre. Désormais deux corps d’armée français poursuivent leur avance vers le Nord-Est : le 1er CA, commandé par le général Béthouart, qui prend la direction de l’Alsace ; le 2e CA, commandé par le général de Monsabert (1re DFL, 3e DIA et 1re DB), dont la mission est de suivre la Saône et de rechercher la jonction avec les forces alliées débarquées en Normandie à partir du 6 juin. Cette jonction, hautement symbolique, s’effectuera le 12 septembre dans le village de Nod-sur-Seine, au nord de Dijon.
Les Vosges et l’Alsace
Rassemblée dans la région de Beaume-les-Dames à la fin de septembre, la DFL enlève plusieurs positions ennemies, dont le col de la Chevestraye et le village de Ronchamp (250 tués, 700 blessés). Au début, au cœur du dispositif de l’ex-armée B, devenue la 1re armée française, elle attaque sur un axe Giromagny-Rougemont-Cernay-Colmar ; le 20 novembre, le général Brosset trouve la mort dans un accident de jeep près de Champagney, près de Belfort – le colonel Garbay le remplace. Dix jours plus tard, la DFL est relevée du front après plusieurs victoires (prises de Giromagny, du Ballon d’Alsace, de Masevaux…).
Dans les derniers jours de décembre, elle est envoyée dans la région de Cognac-Pauillac pour prendre part à l’assaut contre la poche allemande de Royan, mais elle est rappelée d’urgence en Alsace. Elle prend position au sud de Strasbourg le 31 décembre 1944 et, dans des conditions climatiques très dures, participe à la défense de la capitale alsacienne menacée par la contre-offensive allemande déclenchée deux semaines plus tôt. Strasbourg sera sauvée de justesse, mais un bataillon de marche (le BM 24) sera anéanti à Obenheim. Le 20 janvier 1945, le commandement allié décide d’attaquer la poche de Colmar, toujours occupée par les Allemands ; la DFL est envoyée dans la région de Sélestat ; elle y occupe plusieurs positions, épaulée par la 2e DB.
Colmar ne sera libérée que le 2 février et les troupes allemandes obligées d’évacuer l’Alsace. Le 28 février, la DFL est retirée du corps de bataille de la 1re armée et affectée au détachement d’armée des Alpes. Le bilan des derniers combats est lourd : plus de 2.000 tués et blessés.
L’Authion, dernière bataille
Le général Doyen, chef du DAA, affecte à la DFL la responsabilité du secteur sud (jusque là assumée par une brigade américaine), qui s’étend du pic des Trois-Evêchés à la mer, englobant les cols du Petit Saint-Bernard, du Grand Cenis, de Larche et le massif de l’Authion. Le contrôle de ces positions, solidement tenues par les troupes allemandes d’Italie, permettra aux Français de déboucher sur la plaine du Pô. Le 10 avril, la DFL déclenche l’attaque contre l’Authion (opération Canard). Après des affrontements très durs – dont certains au lance-flammes contre les forts italiens – les hommes de Garbay parviennent sur le versant italien des Alpes-Maritimes, à 70 km de Turin (28 avril).
En moins de trois semaines, la DFL a rempli sa mission : l’Authion est tombé, le front ennemi est rompu, les ennemis se replient. Au moment où elle allait se ruer sur Turin, elle est stoppée par la reddition des troupes allemandes d’Italie (2 mai 1945) – et aussi par la volonté expresse des Américains de ne pas laisser aux Français les mains libres de l’autre côté des Alpes. Cette déconvenue n’empêche pas Garbay d’adresser à ses troupes l’ordre du jour suivant : “La victoire attendue pendant cinq ans avec ferveur, cinq longues années de luttes, de misères, de sacrifices, la victoire totale justifie et récompense aujourd’hui votre foi et votre abnégation.” Les combats de l’Authion ont fait 273 tués et près de 700 blessés dans les rangs de la DFL. En tout, depuis les premiers combats africains, la division, “noyau dur” des Forces françaises libres aura perdu plus de 4.000 hommes.