Le Comité de la France Libre de Hong-Kong, par Louis Biau
Au début de juillet 1940, en l’absence d’autres réactions de la colonie française, et sur mon initiative, un certain nombre de Français se réunirent pour manifester leur attachement à l’idéal proclamé par le général de Gaulle.
La réunion eut lieu dans une salle du Péninsula Hôtel prêtée par la direction. À cette occasion, le Comité fut ainsi composé :
Président – M. Louis Biau, architecte.
Vice-président – M. J. Morand, commerçant.
Trésorier – M. E. Grivaud, chef cuisinier du Péninsula Hôtel.
Membres – Mmes Biau et Arnould, Mlle Mady Pelletier ; MM. Chevillard (capitaine 2e Bureau) ; Strauss, commerçant ; Bain, employé de douanes chinoises ; Pfister, chef pâtissier au Hong-Kong Hôtel ; Caudron, commerçant.
Vice-président – M. J. Morand, commerçant.
Trésorier – M. E. Grivaud, chef cuisinier du Péninsula Hôtel.
Membres – Mmes Biau et Arnould, Mlle Mady Pelletier ; MM. Chevillard (capitaine 2e Bureau) ; Strauss, commerçant ; Bain, employé de douanes chinoises ; Pfister, chef pâtissier au Hong-Kong Hôtel ; Caudron, commerçant.
Dès ses débuts, le Comité eut à lutter contre les consuls et vice-consuls de France restés fidèles à Vichy, qui ne cessaient de se manifester contre le général de Gaulle et le C.N.F. qu’il présidait.
De même, les banques françaises, les missions étrangères, de grosses maisons de commerce ayant des intérêts en Indochine voyaient le Comité d’Hong-Kong d’un mauvais œil.
Un contact pris avec Égal, qui présidait le Comité de Shanghai, n’amena rien de positif, c’est sur place qu’il fallut se procurer des fonds – les ressources du Comité étant primitivement limitées aux dons de chacun de ses membres. Ces fonds devenaient indispensables, car il fallait en particulier subvenir aux besoins des volontaires : matelots, policiers et civils en provenance de Shanghai et transitant par Hong-Kong.
M. Perduc, directeur de la police britannique, et un de mes amis facilitèrent la vente de croix de Lorraine et de vignettes à l’effigie du général de Gaulle dans les bars des grands hôtels. Les dépenses étant toujours plus importantes, je demandai à la marine britannique de prendre en charge au Seamen Institute (foyer du marin) les volontaires de passage.
Avec empressement, la marine apporta son concours – à l’encontre de l’armée de terre, plus réticente. Ce Comité envoyait à ses frais les officiers au Péninsula Hôtel.
Mais tout n’allait pas sans heurts et sans difficultés car non seulement il fallait également trouver des chambres pour loger les sous-officiers, mais il fallait aussi assurer les frais de voyage (transport et nourriture) pour chaque volontaire jusqu’à Singapour.
Ceux-ci devaient attendre à Hong-Kong des jours et quelquefois des semaines jusqu’à ce qu’ils puissent poursuivre leur voyage. Le Comité leur remettait alors, une allocation journalière de 2 dollars par homme et de 10 dollars par officier.
En outre, une allocation de 10 dollars était remise à chacun au moment du départ.
Le Comité de Hong-Kong mit en route – à destination de la France Libre – 72 volontaires, par ses propres moyens.
Au début de 1942 eut lieu l’attaque japonaise, puis l’occupation.
C’est alors que – avec l’aide du directeur des Travaux Publics du territoire de Ewang-Cheou-Waou – je préparai mon évasion et celle du capitaine Chevillard.
C’est sur un bateau japonais le Shinogornu Maru, que le 1er mars 1942 nous avons quitté Hong-Kong munis de laissez-passer pour l’Indochine. Je laissais ma femme seule et malade.
Nous risquions d’être arrêtés à notre arrivée au port de Kwang-Cheou-Waou (le consul de Vichy avait télégraphié dans ce sens) mais, fort heureusement, il nous fut possible de débarquer dans la chaloupe du pilotage commandée par un vieil ami, le capitaine Bromasson, qui arborait la francisque.
Après avoir traversé la ville où notre passage avait été assuré, nous étions accueillis en Chine libre par le directeur des douanes.
Un mois de petites étapes nous amena à Kuong-Ming (Yunnan) où le capitaine Meyer May, délégué du général de Gaulle, nous dirigea sur l’Afrique via Calcutta-New Delhi-Le Caire.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 126, juin 1960.