L’Ecole militaires des cadets de la France libre (Ribbesford Manor)
Ribbesford Manor
L’Ecole se transforme après ce premier succès. Elle s’installe à Bewdley (Worcestershire), dans le cadre du prestigieux manoir de Ribbesford où elle sera chez elle. Elle a en effet besoin d’espace car, réputation aidant, elle se développe de mois en mois. Elle doit son excellence et son efficacité à un groupe de lieutenants-chefs de section où figurent Jacques Chambon (de la Plus Grande France), Jean Fèvre (de Libération), André Lehrmann (de Fezzan-Tunisie), Pierre Saindrenan (de la Charles de Foucauld), Robert Moulié, Louis Pichon (du Soldat Inconnu), Jean Sourieau (de la Plus Grande France) et Marius Taravel (de Libération).
Le cycle d’étude, désormais fixé à deux fois six mois se poursuit et la promotion Bir Hakeim, forte, si l’on peut dire, de seize officiers est baptisée par le général de Gaulle en décembre 1942. Elle est suivie de Fezzan-Tunisie, dont les vingt-sept sortants reçoivent leur nouveau galon des mains du Général en mai 1943.
L’Ecole a pris une grande extension : nouveaux bâtiments, annexe excentrée, terrains d’exercice et de sports, la petite ville de Bewdley vit au rythme de ses exercices, de ses permissionnaires et de ses défilés. L’accueil que les citoyens britanniques réservent à ces jeunes exilés continuant d’affluer de tous les horizons ne se démentira jamais au cours de ces quatre années de guerre. Exceptionnel et chaleureux, il marque les Cadets de sa profonde sollicitude et de son respect.
La quatrième promotion, est baptisée par le colonel Marchand, commandant supérieur en Grande-Bretagne. Elle porte le nom de Corse et Savoie et compte vingt-six jeunes officiers dans ses rangs. Sortie en décembre 1943 elle va bientôt rejoindre ses aînés auprès des parachutistes de Bourgoin, les coloniaux de Brosset et les combattants de toutes armes de Leclerc.
L’Ecole des Cadets compte près de cent cinquante élèves à cette époque et beaucoup d’entre eux se demandent s’ils sortiront à temps pour combattre. Déjà les premiers Cadets sont tombés au champ d’honneur avant que son triomphe, fort de cent vingt officiers, présidé par le général Kœnig, ne précède de peu la fermeture. I8 Juin, tel est son nom, contre-point temporel de Libération, terme espéré d’une aventure sans égal. Ils encadreront les maquis et seront détachés auprès des armées alliées comme officiers de liaison.
Les Cadets paieront cher leur destin exceptionnel : cinquante-cinq des anciens élèves donneront leur vie les armes à la main. Soit plus du quart de leur effectif. Les honneurs décernés seront à la mesure de ce sacrifice volontairement consenti : sept Compagnons de la Libération, la prise de rang des cinq promotions dans la suite glorieuse de celles de Saint-Cyr, dont la 172e promotion prendra le nom de Cadets de la France Libre, la Légion d’honneur, la Croix de guerre, la Médaille de la Résistance et la Croix de guerre luxembourgeoise auréolent son drapeau désormais conservé au Musée du Souvenir de Saint-Cyr Coëtquidan.
Le général Charles de Gaulle leur dédiera ces lignes :
« Les Cadets ! Parmi les Français libres, ces jeunes furent les plus généreux, autrement dit : les meilleurs. Par les efforts et les sacrifices de leurs cinq glorieuses promotions : Libération, Bir-Hakeim, Fezzan-Tunisie, Corse et Savoie, 18 Juin, ces bons fils ont, de toutes leurs forces, servi la patrie en danger. Mais aussi, dans son chagrin, aux pires jours de son Histoire, ils ont consolé la France. »
Ch. De Gaulle
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