Le 1er Régiment de marche des Spahis marocains (RMSM)
Le 1er Régiment de marche des Spahis marocains (1er RMSM) est une unité issue d’éléments du 1er Régiment de Spahis marocains (1er RSM).
Le 1er RSM est lui-même l’héritier du RMSM qui s’illustra dans l’armée d’orient en 1917, en recevant cinq citations à l’ordre de l’armée. En 1940, stationné au Levant, il sera réparti en deux groupes de reconnaissance de division d’infanterie (GRDI). Dès le 30 juin, le capitaine Paul Jourdier rallie la France Libre avec une quarantaine de spahis de son escadron. Stationné pendant l’été à Ismaïlia (Égypte), où de nouveaux engagés viennent le renforcer, il est envoyé par les Britanniques, à la fin d’octobre, au Soudan anglo-égyptien. Un mois plus tard, au camp de Moaskar, il constitue avec le BIM les Forces françaises libres du Moyen-Orient. Au début de 1941, les « Calots rouges(1) » de Jourdier sont engagés contre les Italiens en Érythrée, en particulier à Umbrega, où il mène l’une des dernières charges à cheval de l’armée française (2 janvier 1941). En mai 1941, il rejoint le camp de Qastina (Palestine) pour préparer la campagne de Syrie (juin-juillet 1941), où il mène de durs combats, le 15 juin, à Najah, tandis que les éléments vichystes du 1er RSM affrontent les troupes britanniques, non loin, à Mezze. Devenue après la fin de ces hostilités Groupe de reconnaissance de corps d’armée (GRCA), l’unité – équipée d’automitrailleuses Marmon Herrington et de « Conus guns » – s’entraîne en vue de participer aux opérations de Libye.
En décembre 1941, le 3e escadron – le seul équipé d’automitrailleuses, les autres étant alors « portés » sur camions – commandé par le capitaine de Courcel est mis à la disposition de la Brigade Kœnig et il sera utilisé dans les opérations contre les troupes de l’Axe en Libye. En mai 1942, les deux autres escadrons quittent la Syrie pour l’Egypte, où il seront affectés à la 2e BFL (général Cazaud). À l’automne, le 1er RMSM succède au GRCA ; constitué de quatre escadrons, il est confié au commandant Jean Rémy, qui avait quitté le 1er RSM durant l’été 1941 pour rallier la France Libre, et va former, avec la 1re compagnie de chars du 501e RCC, deux groupes de reconnaissance sur le modèle des « colonnes volantes » britanniques (Flying Columns), sous les ordres des commandants Rémy et de Kersauzon : le GR 1 est dirigé sur Fayoum, le GR 2 sur Samaket-Gabalia, au sud du front de la VIIIe armée. Rattachés à la 7e division blindée britannique (les « Rats du Désert »), ils effectuent des raids en profondeur dans le désert de Libye.
Le 25 septembre 1942, les deux GR reconstituent le 1er RMSM (commandant Rémy), qui est engagé dans la bataille d’El Alamein, le 23 octobre, en soutien de la 13e demi-brigade de Légion étrangère à l’Himeimat, au sud du dispositif, avant de prendre part, au sein de la « Colonne volante » à la poursuite de l’ennemi. Au début de 1943, le RMSM prend part à la campagne de Tunisie(2), où il est mis, le 12 mars, à la disposition de la « Force L » (l’ex-Colonne Leclerc, venue du Tchad). Après la chute de Tunis, il rejoint la 1re DFL au camp de Sabratha (Libye), avant de faire mouvement avec la 2e DFL (future 2e DB) au camp de Temara (Maroc), où il devient le régiment de reconnaissance de la 2e DB. Il comprend alors, toujours sous les ordres du colonel Rémy, cinq escadrons de combat – dont quatre équipés d’automitrailleuses et un de chars légers.
Le jour de Pâques 1944, il embarque pour l’Angleterre, d’où il partira, le 31 juillet, pour débarquer à Sainte-Mère-Église. Il accompagne ensuite la division Leclerc et se distingue au Mans, à Écouché et à Argentan. Engagé dans les Vosges et sur le front de l’Atlantique, il traverse ensuite l’Allemagne et son 3e escadron sera parmi les premières troupes françaises à entrer au « Nid d’aigle » de Hitler à Berchtesgaden. Durant toute la campagne de France, les spahis auront capturé plus de 26.000 soldats ennemis et détruit vingt chars, vingt canons, 200 véhicules et même un avion. Il sera fait Compagnon de la Libération le 7 août 1945.
(1) La coiffure de l’escadron Jourdier avait été conçue par la générale Catroux, marraine de l’unité, et taillée dans les anciens burnous des spahis.
(2) Il s’illustrera notamment lors des combats de Médenine, Bordj Fedjej, Mezzouna, Djebel Garci.