Les réseaux FFL
Viennent ensuite nos réseaux Action dont les résultats remarquables contribuèrent puissamment à la victoire Il faudrait un livre entier pour exposer le bilan de leur activité. Leurs pertes, dont nous n’avons pas les chiffres détaillés, furent exceptionnellement élevées en raison même de la nature de leur mission. Citons avec leurs effectifs homologués :
ACTION VENGEANCE : 1.451 agents. Chef : lieutenant-colonel Vie-Dupont.
ACTION R.1 : 896 agents. Chef : lieutenant-colonel Rivière.
ACTION R.2 : 1.354 agents. Chef : lieutenant-colonel Picard.
ACTION R.3 : 743 agents.
ACTION RA : 484 agents. Chefs successifs : Leistenschneider, Schlumberger, Sarda de Caumont.
ACTION R.5 : 263 agents. Chef : Dechelette.
ACTION R.6 : 388 agents. Chefs successifs : Paul Schmidt, Alain de Beaufort, Léger.
ACTION A : 1.017 agents.
ACTION B : 104 agents.
ACTION C : 21 agents.
ACTION D plus CDP 3 : 2.210 agents.
ACTION M : 366 agents.
ACTION P : 319 agents.
ACTION PLAN TORTUE : 323 agents.
Différentes missions de sabotages mises sur pied par le B.C.R.A., en juin 1943, sont également reconnues F.F.L. Ce sont le PLAN GRENOUILLE, le PLAN VERT, le PLAN VIOLET et le PLAN TORTUE. Chacune de ces missions avait une tâche bien définie et groupait le plus souvent des agents disséminés dans divers réseaux.
Enfin, nos réseaux d’évasion chargés de détecter, de prendre en charge et de convoyer hors d’atteinte de l’ennemi les prisonniers évadés, les aviateurs abattus, les agents traqués par la Gestapo.
BORDEAUX-LOUPIAC créé par notre ami Jean-Claude Camors qui, arrivé à Londres en mai 1942, fut envoyé en mission en France le 1er février 1943. Hélas, Camors était abattu à Rennes, le 11 octobre 1943. Joseph Cheurez le remplaçait à la tête du réseau mais tombait lui-même, le 24 mars 1944. Sur 382 agents, 28 furent fusillés ou moururent en déportation.
BOURGOGNE, BRANDY, PERNOD, KUMEL. Le réseau Bourgogne fut créé par Georges Broussine qui, évadé de France, le 11 mars 1942, y était revenu le 19 février 1943 et avait été parachuté à Sorigny, près de Tours. Brandy, dont, la centrale était à Lyon, eut successivement pour chefs : Christian Martell, du 1er mai 1942, date de création du réseau, au 14 juillet 1942, puis Maurice Montet, du 14 juillet 1942 au 23 juin 1943. Les effectifs furent de 354 agents pour Bourgogne, 72 pour Brandy, 22 pour Pernod et 128 pour Kumel, dirigé par Patrick Hovelacque.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 109, juin 1958.
Les réseaux «action» F.F.L.
Nous devons à l’amabilité de notre camarade Krug-Basse, les précisions ci-dessous qui complètent utilement les indications fragmentaires que nous avons publiées dans notre numéro de juin dernier.
Il convient de rendre justice aux chefs de régions dont les noms n’ont pas été mentionnés. C’est en effet seulement en 1944 que sont apparues les dénominations régionales. En 1942 et 1943, le réseau «Action» comprenait, en zone nord, le B.O.A. (Bureau des Opérations Aériennes) et, en zone sud, la S.A.P. dirigée par le colonel Charles-Henri Rivière dit «Marquis ». Le B.O.A. était divisé en blocs; nord, est, ouest, centre. La coordination de ces blocs était assurée par le «coordinateur national B.O.A.» qui était, de plus, chef d’opé-rations d’un de ces blocs. Ce coordinateur assurait aussi la liaison avec le délégué du général de Gaulle : Jean Moulin, en zone sud; M. Serreules, dit «Sophie», en zone nord. Ce coordinateur était, en juillet 1943, Bel, de son vrai nom le commandant Pichard Michel. Il dirigeait les opérations du bloc est (devenu en 1944, Action C – D – P3). Le bloc centre avait pour chef Phil ou Solda, soit le capitaine Dampierre, tué en mission clandestine en Indochine en 1944. Le bloc ouest fut dirigé d’abord par Kim ou Paul, c’est-à-dire le commandant Schmidt, remonté de zone sud; puis par Galilée, soit le commandant des Perruches récemment décédé. Le bloc nord avait à sa tête : Gramme ou Rod ou Henry, soit le commandant Pierre Deshayes. L’agent Bel, qui avait commencé dans la Résistance comme agent de Rémy (colonel Gilbert Renault) au renseignement, fit plusieurs missions clandestines avec lui et arriva en zone occupée au début de 1943, chargé d’organiser le B.O.A. avec quelques camarades dont Pal qui fut tué à Marseille, à la libération. Le chef du sabotage était Lime, soit Robert Cordier, compagnon de la Libération. Les deux adjoints de Bel, aussi appelé «Grauss» puis «Génératrice» étaient Faraday (François Delimal qui, arrêté, se suicida pour ne pas parler) et Jérôme (René Collin, mort héroïquement en déportation). La région D fut confiée à Doyen qui fut arrêté peu de temps après son arrivée. Il fut remplacé par le capitaine Jouvenet dit «Excellence». Plusieurs de ces chefs de-vinrent DMR ou DMD au débarquement.
Les réseaux «Action» recevaient des parachutages de matériel en vue des sabotages à effectuer sur les voies ferrées dans le cadre du «Plan Vert». Comme on le sait, ces sabotages ont grandement facilité les opérations de débarquement. Le «Plan Tortue» dont l’objectif était la désorganisation des transports routiers de l’ennemi, eut parmi ses chefs en 1944, le DMR (région P1) «Artilleur», commandant Palaud, qui fut arrêté en mars 1944, ainsi que Shelley, ou Wing Commander Yeo Thomas dont l’épopée a été retracée dans le livre célèbre «Le Lapin Blanc» et qui était chargé des opérations de parachutage par la R.A.F.
Le commandant Deshayes (région AB), le commandant Clouet des Perruches (M), le commandant Pichard (C D, P3 coordinateur national B.O.A.), le commandant Palaud (Plan Tortue) sont tous compagnons de la Libération, ainsi que François Delimal. Ils furent, avec Paul Schmidt, les chefs les plus anciens et les créateurs du B.O.A.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 114, janvier 1959.