Ralliements, par Pierre Messmer
Général de Gaulle
Le 18 juin 1940, j’arrivais à Marseille en compagnie du lieutenant Jean Simon. Récemment brevetés observateurs par l’armée de l’air, nous avions quitté la veille notre unité stationnée dans le Massif Central et qui, après l’annonce de l’armistice, avait reçu l’ordre de se replier vers les Pyrénées, en vue de sa dissolution.
Jean Simon et moi pensions, naïvement, que l’Afrique du Nord resterait dans la guerre et notre projet était alors de rejoindre l’Algérie ou le Maroc en traversant la Méditerranée. Nous nous étions donc habillés en civil et traînions dans le quartier du port avec l’espoir de trouver un embarquement à bord d’un navire de commerce. C’est le 19 juin seulement que la lecture d’un journal régional, sans doute mal censuré, nous fit connaître l’appel du général de Gaulle publié sous le titre : « Un appel pour la guerre à outrance. »
Quelques heures plus tard, nous faisions connaissance du commandant Vuillemin, capitaine au long cours nommé depuis quelques jours au commandement du cargo italien Capo Olmo saisi par la Marine nationale, et qui recrutait un équipage assez pittoresque et plus résolu que compétent.
Il nous embarqua en fraude, à destination d’Oran, mais instruits par l’appel du général de Gaulle, et grâce à l’action de quelques marins que Vuillemin, Simon et moi avions pu convaincre, nous faussâmes compagnie à notre escorte pour mettre le cap sur Gibraltar.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 156 bis, juin 1965.