Les missions du Rubis

Les missions du Rubis

Les missions du Rubis

Commandé par le lieutenant de vaisseau Georges Cabanier, le sous-marin Rubis avait effectué en mai 1940 deux missions de mouillage de mines au large de la Norvège. Du 5 au 12 juin, il avait à nouveau mouillé des mines au large de Bergen, entraînant la destruction d’un cargo ennemi d’un millier de tonnes. Quelques jours plus tard, le 26 juin, alors que l’armistice était signé, il avait continué de mouiller des mines devant la grande base de Trondheim, où se trouvait une importante concentration de la flotte allemande.

Saisi par la Royal Navy le 3 juillet, le Rubis et son équipage choisiront de poursuivre le combat dans les rangs des FNFL. Après une période de petit carénage, il reprit ses opérations au début de septembre. Il effectua ainsi quatre patrouilles en mer du Nord jusqu’en décembre 1940, date où il entra en carénage jusqu’en avril 1941. Désormais commandé par le lieutenant de vaisseau Henri Rousselot, le Rubis effectuera trois missions au cours de 1941. En août, chargé de miner les accès du port norvégien d’Egersund, il torpilla un cargo finlandais de plus de 4.000 tonnes, le Hoghland, mais fut endommagé par l’explosion accidentelle de ses propres torpilles à proximité du bâtiment ennemi. Il parvint cependant à regagner sa base de Dundee (Ecosse), où il fut indisponible jusqu’en novembre. Le 14 décembre 1941, le général de Gaulle fit du Rubis un Compagnon de la Libération*.

En 1942, il accomplira six nouvelles missions. A peine remis en état, il partit, dans les premiers jours de janvier, pour une mission de mouillage de mines dans le golfe de Gascogne, entre Saint-Jean-de-Luz et Bayonne. En mars, il fut envoyé en mer du Nord sur le Petit Fisher Bank, puis, le mois suivant, devant le fjord de Trondheim. D’avril à septembre, il effectuera quatre mouillages de mines sur les côtes de Norvège dans le cadre de la protection des convois de Mourmansk. Mais de nombreuses défaillances le contraignirent à entrer en carénage jusqu’en avril 1943.

Durant l’année 1943, il accomplira quatre mouillages de mines dans le golfe de Gascogne. La dernière (septembre-octobre 1943) entraînera la destruction du chasseur de sous-marins UJ 1403, qui lui valut les félicitations du commandement britannique. A l’issue de cette mission, le capitaine de corvette Rousselot découvrit un important défaut dans les gouvernails, et il fallut procéder aux réparations nécessaires à Portsmouth durant plusieurs mois.

En 1944, le Rubis appareillera à nouveau pour le golfe de Gascogne. Après deux mouillages de mines entre Arcachon et la Gironde (février) et près du haut fond de Rochebonne (mars), il fut utilisé pour l’entraînement à la lutte anti-sous-marine dans la Clyde et à Scapa Flow, dans le cadre de la préparation de l’opération Neptune (volet naval d’Overlord). Il jouait alors le rôle du sous-marin ennemi avec bombardiers en piqué et vedettes lance-torpilles attaquant souvent simultanément. Les quatre dernières missions vont se dérouler au large des côtes norvégiennes. Sa vingt-huitième et dernière opération de guerre, au large du chenal de Stavanger, s’achèvera en apothéose. Un convoi ennemi de quatre vapeurs ravitailleurs et un U-Boote escorté par trois chasseurs de sous-marins se dirigea sur le champ de mines : deux chasseurs et un vapeur furent coulés. Après quoi, le Rubis entra une dernière fois en carénage. En février 1945, au moment où il quittait l’Angleterre, le capitaine de corvette Rousselot reçut une lettre de félicitations « pour le remarquable travail accompli » de l’amiral Henry Moore, commandant en chef de la Home Fleet. Le Rubis sera placé en réserve spéciale à Oran en 1950, avant d’être coulé en 1957 au large de Toulon pour servir de but sonar**.

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* Les deux premiers »pachas » du Rubis, Georges Cabanier et Henri Rousselot, seront eux aussi faits Compagnons de la Libération en 1943.
** Décédé en 1994, l’amiral Rousselot sera incinéré et ses cendres dispersées au large du cap Camarat, non loin de Toulon.