27 juin 2016 In CNRD 2017 By Administrateur
Les criminels tentent d’échapper au châtiment
L’auteur
Stanisław Szurlej (1878-1965) est un avocat et un journaliste polonais. Diplômé de la faculté de droit de l’Université Jagellon, docteur en droit (1902), il devient avocat (1909). Dans l’entre-deux-guerres, il se fait connaître par de nombreux procès retentissants.
Membre du Parti national, il est actif dans le monde ancien combattant et préside l’Association des officiers de réserve de la République de Pologne. En 1937, il reçoit le Laurier d’or de l’Académie polonaise de littérature.
Le 6 novembre 1939, le général Wladyslaw Sikorski, ministre de la Défense, le nomme à la tête de la justice militaire et procureur militaire suprême. Le 20 juin 1940, il est promu au grade de colonel dans le corps des officiers auditeurs, où il demeure jusqu’à sa retraite en 1944.
En 1940, il prend la présidence de l’Association des avocats polonais au Royaume-Uni. Après-guerre, à Londres, il est le co-fondateur de l’Institut Général Wladyslaw Sikorski.
Le texte
« Les criminels tentent d’échapper au châtiment » est un article paru dans le n° 30, volume IV, de La France Libre, le 15 avril 1943.
L’objet de cet article est d’analyser les règles légales qui doivent présider à la punition des crimes commis par les nazis pendant la guerre.
L’auteur défend l’idée que non seulement le droit international reconnaît et sanctionne les crimes de guerre, définis comme des crimes « violant les droits et usages de la guerre », mais qu’il n’est pas nécessaire de se référer au droit international pour les juger car un crime est un crime en droit pénal, y compris en Allemagne, qu’on soit en paix ou en guerre.
Pour lui, tous les crimes doivent être punis, et les exécutants aussi bien que les donneurs d’ordre, à la limite près que seuls sont concernés ceux des exécutants qui « étaient en état de ne pas exécuter des ordres criminels » : « les chefs politiques, les chefs des SA, des SS, la Gestapo, les généraux et autres fonctionnaires exécutifs particulièrement criminels et cruels ».
Leur punition doit permettre d’apaiser les désirs de vengeance et les sentiments de haine, considérés par Szurlej comme « le désir éternel de rétablir un équilibre moral rompu par le crime ».
Il n’en défend pas moins l’idée de la culpabilité collective des Allemands, jugeant donc qu’il ne sert à rien d’espérer que les Allemands vont renverser eux-mêmes Hitler.
En conclusion, les Alliés doivent, selon lui, préparer sans attendre la mise en œuvre de ce principe, en réglant notamment la question de leur extradition, afin d’éviter que les criminels n’échappent à leur punition, comme après 14-18.
Coll. Fondation de la France Libre
Références dans le texte
Lassa Francis Lawrence Oppenheim (1858-1919) est un juriste allemand installé au royaume-Uni en 1895 et naturalisé britannique en 1900, regardé comme le père du droit international moderne. Il a publié International Law : A treatise en deux volumes, « Paix » et « Guerre et neutralité », en 1905 et 1906. L’auteur évoque, p. 117, le sort réservé aux prisonniers ennemis lors de la guerre des Boers, en Afrique du Sud.
Henry Albert Wilson (1876-1961) est docteur en théologie et évêque anglican de Chelmsford, dans le sud-est de l’Angleterre, de 1929 à 1950.
Edvard Westermarck (1862-1939) est un philosophe et sociologue finlandais. Il a publié The Origin and Development of the Moral Ideas, son principal ouvrage, entre 1906 et 1908.
The German new order in Poland est un livre publié en 1942 par le ministère de l’Information polonais en exil. Il traite de la domination allemande sur la Pologne entre septembre 1939 et juin 1941, date de l’attaque allemande de l’URSS : les attaques contre des civils et les destructions commises lors de la campagne de 1939, l’absence de « Quisling » polonais, les destructions et confiscations du patrimoine culturel polonais, les limitations au culte catholique et le pillage de biens religieux, le nettoyage ethnique des Polonais par des meurtres de masse ou la faim, l’enfermement des juifs dans des ghettos.
Robert Gilbert Vansittart (1881-1957), 1er baron Vansittart, est un diplomate britannique, opposé à la politique d’apaisement avec l’Allemagne dans les années trente. Durant la guerre, il soutient la thèse de la culpabilité collective des Allemands et inspire la plan Morgenthau, du nom du secrétaire au Trésor américain Henry Morgenthau (1891-1967), visant à diviser l’Allemagne et à la transformer en pays agricole en démantelant son industrie.
Gustave Le Bon (1841-1931) est un anthropologue français connu surtout pour son ouvrage sur la Psychologie des foules (1895).
William McDougall (1871-1938) est un psychologue britannique, auteur d’ouvrages qui ont connu un grand écho dans le monde anglophone. An Introduction to Social Psychology est paru en 1908.
Le commander Stephen King-Hall (1893-1966), baron King-Hall, est un officier de marine, un homme politique et un écrivain britannique, élu à la Chambre des communes de 1939 à 1945, directeur de la section usines de la Défense au ministère de la production aérienne.
Le maréchal Arthur Travers Harris (1892-1984), 1er baronnet, est le commandant en chef du Bomber Command de la RAF, en charge du bombardement l’Allemagne, de 1942 à 1945.