La Brigade française d’Orient dans la campagne d’Érythrée
Au début de l’année 1941, la situation des Britanniques en Égypte et en Afrique orientale n’est pas brillante. En Libye, dès le mois d’avril, les Anglais, qui ont atteint El Agheila et Benghasi en février, sont repoussés jusqu’à la frontière égyptienne. En Afrique orientale, la Somalie britannique est occupée par des forces importantes, sur la frontière soudanaise également, les Italiens tiennent le fort Gallabat ainsi que la station de chemin de fer de Kassala.
Il est indispensable de maintenir ouverte la route de la mer Rouge, désormais seul axe de ravitaillement possible pour l’Égypte, et d’empêcher les Italiens de descendre le long du Nil et de menacer les sources du pétrole dans le Proche-Orient. Le commandement britannique décide alors de passer à une offensive hardie en attaquant du Nord, de l’Ouest et du Sud pour acculer à la mer Rouge les forces italiennes.
À la demande du général de Gaulle, des éléments des Forces françaises libres participent à cette offensive. Avec cette remarquable économie qui caractérise l’emploi de l’infanterie par les Britanniques, ces Forces françaises, bien que peu nombreuses, furent appelées à jouer un rôle important qui est généralement peu connu.
Le soir de l’échec de Dakar, lorsque le général de Gaulle parla aux officiers du Corps expéditionnaire rassemblés dans le grand salon du Pennland, il leur avait promis qu’ils combattraient en Afrique contre les forces de l’Axe. Il ne tarda pas à tenir sa promesse et dès le début du mois de novembre, le colonel Hume de l’état-major particulier du général Wavell vient du Caire prendre contact avec les Forces françaises stationnées en A.E.F. et au Cameroun.
Il est agréablement surpris de l’ambiance générale et de l’entrain manifesté par les cadres et la troupe. Sous l’impulsion du général de Larminat, secondé par un cadre d’officiers et d’administrateurs exceptionnels, l’Afrique équatoriale française et le Cameroun se transforment en une gigantesque place d’armes. Il est difficile, si l’on n’a pas été sur place, de se représenter ces officiers, administrateurs, colons, commerçants, coupeurs de bois, missionnaires, préparant en étroite collaboration avec les indigènes, les unités qui devaient dans la suite porter des coups décisifs en Érythrée, en Libye et au Fezzan. Le 24 décembre 1940, à Douala, la brigade d’Orient s’embarque sur le Touareg et le Cap des Palmes ; le matériel a pris place sur le Fort-Lamy. La brigade est commandée par le colonel Monclar, figure légendaire de la Légion étrangère, dont le rôle fut décisif à Londres en juin et en juillet 1940, pour le ralliement des Forces françaises au général de Gaulle.
Le Q.G. brigade comprend 27 officiers et 143 hommes. Le chef d’état-major de la brigade est le capitaine Saint-Hillier, le lieutenant Mallet dirige le 1er bureau, le lieutenant Bonneau le 2e, le lieutenant de Sairigné, le 4e ; le capitaine Huet commande la base arrière, le capitaine Arnault la compagnie de commandement ; l’artillerie (deux canons de 75 servis par 40 canonniers) est aux ordres du capitaine Laurent-Champrosay ; le génie, une quarantaine de sapeurs, aux ordres du lieutenant Desmaisons; le train, quatre officiers et 125 conducteurs, aux ordres du capitaine Dulau (34 camions, 30 C.V.T., 22 trois tonnes, cinq citernes) ; la 13e demi-brigade de Légion étrangère, 23 officiers, 686 sous-officiers et légionnaires, aux ordres du lieutenant-colonel Cazaud.
Un bataillon de Saras, le 3e bataillon de marche du Tchad commandé par le chef de bataillon Garbay, devait gagner par voie de terre l’Érythrée et s’intégrer à la brigade.
À l’image des troupes du colonel Monclar, le Service de Santé a deux origines différentes : médecins coloniaux d’A.E.F. et réservistes venant d’Angleterre.
Le directeur du Service de Santé est le commandant Lotte. Le groupe sanitaire de brigade est commandé par le médecin commandant Fruchaud, qui dispose comme adjoint du médecin lieutenant Thibaux. Les médecins de la brigade sont les capitaines Dumont, Vignes, le lieutenant Guillon, les médecins auxiliaires Schick et Lepoivre ; les pharmaciens sont le capitaine Rabatte et le lieutenant Gelly.
L’intendant est le commandant Mouton. Le lieutenant Foussat s’occupe du ravitaillement.
La première partie du voyage par mer s’effectue sans incidents majeurs jusqu’à Freetown. Le 6 janvier, à Freetown, le transbordement de la brigade s’opère à bord du Neuralia qui fait route vers le cap de Bonne Espérance dans un gigantesque convoi de 40 bateaux apportant du ravitaillement et des renforts aux forces du général Wavell.
Après une escale de quelques jours à Durban, le Neuralia atteint Port Soudan le 14 février à 8 heures.
Immédiatement débarquée, la brigade est transportée par fer à Souakim. Le long de la voie ferrée, la végétation est rare, seuls quelques épineux, broutés par des troupeaux de chèvres faméliques et des chameaux gris sale, font tache sur le sable. Ici et là quelques douars que survolent des charognards.
La plaine côtière, basse et sablonneuse, large d’une cinquantaine de kilomètres, cesse brusquement, dominée par une chaîne de montagnes de 2 à 3.000 mètres, parallèle à la mer.
Au terme de ce voyage effectué par une chaleur écrasante, Souakim, nous apparaît comme une oasis. Voici la description qu’en donne le regretté capitaine Garbit dans le livre Un témoignage :
« C’était le port d’embarquement pour la Mecque de tous les pèlerins venus à pied de tous les coins de l’Afrique, du Soudan, du Maghreb, du Sénégal et du Maroc. Imaginez donc une petite rade très fermée, une petite île de 500 mètres de diamètre. Dans cette île, une cité orientale et médiévale. Et dans cette cité… personne. L’île de Suakim est entièrement abandonnée. Au crépuscule vous errez dans des rues silencieuses où vos pas ont une résonance inquiétante. Les maisons vides sont intactes. De belles maisons de pierres blanches, des portes sculptées et armoriées, et aux trois ou quatre étages des moucharabiehs, ces balcons de bois grillagés derrière lesquels les femmes musulmanes riches suivaient, à longueur de journée, le mouvement animé de la rue… au bout de chaque rue vous trouvez un quai. »
La brigade campe à quelques kilomètres de Souakim, là même où bivouaquait le B.M.3 avant son entrée en Érythrée.
Le 16 février le général Legentilhomme, qui a pris le commandement à Khartoum des Forces françaises libres au Soudan (1), inspecte la brigade.
Le 19 février, le lieutenant-colonel Génin, ancien chef du 2e bureau de Vichy, rejoint la brigade. Il apporte des nouvelles toutes fraîches de France et nous donne l’assurance que beaucoup de Français sont en communion complète de pensée avec nous. De tels témoignages nous furent tout au long des campagnes des Forces françaises libres d’un précieux réconfort car ces Forces libres combattaient dans des conditions très particulières, complètement isolées de la France, sans nouvelles de leurs parents et de leurs amis et la rage au cœur à la pensée qu’un maréchal félon avait pactisé avec l’ennemi.
Le 24 février, avec l’ordre de mouvement nous parvient la nouvelle de la prise de Cub-Cub, par le B.M.3 ; c’est le premier succès français en Érythrée.
Déjà nous savions par le lieutenant-colonel Génin que le B.M.3 avait quitté Mouzarak le 16 décembre pour le Soudan anglo-égyptien, et qu’ayant franchi la frontière le 2 janvier entre Adre et Djenne il arrivait le 18 à El Obeid. De là il gagnait Souakim par chemin de fer.
À cette époque la situation des Britanniques en Afrique orientale commence à évoluer favorablement. Gallabat a été repris. Mussolini a donné l’ordre d’évacuer Kassala. La 4e et la 5e division britannique traversent la frontière d’Érythrée. Kéru et Agordat sont pris. Un détachement de spahis français aux ordres du capitaine Jourdier avec les lieutenants de Villoutry et Morel de Ville participent à ces opérations.
Les Italiens se replient sur les défenses de Chéren, position préparée depuis longtemps. Cette ville est située sur un plateau entouré de montagnes. C’est la clef de la route de Massaouah.
Le B.M.3 est incorporé à la 7e brigade hindoue que commande le général Briggs.
La 7e brigade, venant du Nord, doit appuyer l’attaque sur Chéren venant du Sud-Ouest. Pour parvenir à Chéren il est indispensable de s’emparer de Cub-Cub, position solidement fortifiée que les Italiens occupent depuis leur repli de Karora à la frontière nord de l’Érythrée. Le B.M.3 reçoit la mission de s’emparer de Cub-Cub. Il embarque pour Marsa Takaï sur un petit torpilleur de la marine royale hindoue, le Khatnageri. De Marsa Tokaï il gagne en camions la région de Camcea dans la journée du 16. La progression est couverte pas un détachement motorisé du Royal Sussex.
Les Italiens ont fortifié la région de Camcea et plus particulièrement le coude à angle droit de la piste de Cub-Cub.
Le 21 au matin, le Royal Sussex est arrêté par un violent tir d’armes automatiques venant des hauteurs. Comme il ne dispose que de très peu de munitions, il fait appel au B.M.3.
La 10e compagnie, commandée par le capitaine d’André et la 11e compagnie commandée par le capitaine Garbit sont alors engagées. L’ennemi décroche du piton (I) sans opposer de résistance sérieuse.
La 11e compagnie est alors renvoyée en arrière, et le commandant Garbay décide de former un détachement aux ordres du capitaine Bavière qui aura pour mission de tourner par le sud les résistances signalées sur les hauteurs dominant le coude de la piste.
Ce détachement comprend la 11e compagnie, la 9e compagnie commandée par Allegrini et un groupe de mortiers de 81. Il se met en route le 21 à midi. Le mouvement doit s’exécuter avec les bren-carriers du régiment de Sussex qui ont pour mission de couper la piste à l’ouest de Camcea. Le P.C. du bataillon avec la 11e compagnie et une demi-C.M. s’installe sur le piton (I).
Le 22 le détachement Bavière, après une progression dans un terrain très difficile, arrive en (II) à 7 heures. Le matériel est entièrement porté à dos ; les tirailleurs souffrent de la soif. La 11e compagnie arrive en (III) presque à la même heure. Il n’y a eu aucune liaison entre les unités pendant la progression. Les deux compagnies italiennes du 112e bataillon colonial, installées au coude de la piste réagissent vivement. Le reste du bataillon vient à la rescousse.
Le commandant Garbay ne reçoit aucun compte rendu jusqu’à la nuit. Il a suivi le combat au cours de la journée du Piton (I). Dans la nuit il reçoit des renforts : une batterie de 25 pounder anglais et six bren-carriers. Il décide alors d’envoyer la 10e compagnie sur le piton (III) et d’attaquer Camcea avec son P.C. et les éléments de la C.A. qui sont à sa disposition.
La 10e compagnie descend les pentes qu’elle occupait, traverse la plaine et un col très encaissé et attaque sur leurs arrières les éléments qui menacent la 9e.
L’ennemi attaqué de deux directions différentes est complètement surpris. Vers midi, le capitaine Garbit débouche avec une quarantaine d’hommes et attaque violemment à son tour. L’arrivée du P.C. du bataillon commandé par le commandant Garbay vient ajouter à la confusion générale. L’ennemi lâche pied et s’enfuit.
Pendant ce temps, les bren-carriers du régiment de Sussex qui s’étaient égarés dans la montagne et étaient restés ensuite en panne d’essence, débouchent sur les arrières du détachement de Cub-Cub qui, pris entre deux feux, se rend.
La victoire est complète.
Le capitaine Bavière est retrouvé grièvement blessé mais vivant dans un ouadi.
La conduite héroïque du B.M.3 dont la plupart des Européens et des Saras voyaient pour la première fois le feu lui valut la citation suivante :
« Bataillon de formation, rassemblé pour la première fois au moment de monter au feu, a débuté par un coup de maître.
Le 21 et le 22 février 1941 à Cub-Cub, grâce à l’allant de ses officiers et de ses cadres, à la confiance des tirailleurs saras en leurs chefs, au sang-froid et à la décision du chef de bataillon Garbay qui a exploité au maximum le feu d’une batterie d’artillerie mise à sa disposition et qui, en dernier ressort s’est engagé lui-même avec sa section de commandement, a résolu une crise grave, conquis une importante portion, fait 430 prisonniers et enlevé quatre canons. A payé ce succès de pertes s’élevant à 57 tués et blessés. »
La brigade d’Orient est à son tour incorporée à la 7e brigade hindoue.
La journée du 24 février se passe à rédiger les ordres : le personnel doit faire route par mer, les véhicules prennent la route en suivant l’itinéraire Karora-Camcea-El Guena.
Le 25 février, après une nuit en mer sur le Khanategeri, le personnel débarque à Marsa Taclaï et gagne Cub-Cub par des pistes impossibles.
Le 28 février, le général Briggs prend contact avec le colonel Monclar. La 7e brigade a reçu l’ordre de couper les communications de l’ennemi sur la route de Chéren à Asmara à l’Est de Chéren.
L’intention du général Briggs est de faire avec la brigade française et le régiment de Pundjab un vaste mouvement d’encerclement par les hauteurs à l’Est de la route qui va de Cub-Cub à Chéren. Pour faciliter le mouvement, le régiment de Sussex, avec les éléments sur roues et chenilles (Bn. antichars de la 7e brigade, 13e compagnie antichars, bren-carriers du Pundjab), attireront l’attention de l’ennemi en le pressant sur cette route. Quant au B.M.3, il reçoit pour tâche de reconnaître l’itinéraire de la manœuvre de débordement ; il l’aménagera avec l’aide des sapeurs, le jalonnera et y implantera des bases de ravitaillement. Enfin au jour « D », c’est ce bataillon qui fournira des guides aux légionnaires du Pundjab.
Le jour venu, le B.M.3, la 13e demi-brigade de Légion étrangère, le régiment de Pundjab fonceront respectivement sur Habi-Mentel, Mont Ebibru et les pentes des côtes 1477 et 1460 en flanc-garde.
Tous les efforts seront faits pour inciter l’ennemi à croire que les troupes sont encore dans leurs bivouacs. Tous les véhicules seront maintenus dans les emplacements actuels.
Enfin, les unités chamelières sont réparties entre les bataillons pour le transport des munitions et du ravitaillement. Chaque homme emporte un chandail et un couvre-pieds, la ration d’eau prévue est de deux litres et demi par homme et par jour.
Les 10 et 11 le capitaine Allegrini et le capitaine Garbit reconnaissent une piste qui est aménagée par la 9e et la 11e compagnie dans un oued semé d’éboulis et de rochers.
Le 12, le B.M.3 se met en route pour le col situé à 5 kilomètres nord-est du Mont Engiahat. La Légion part à 21 heures et remonte l’oued jusqu’au dépôt B.
Le 13 mars au début de l’après-midi, des rafales de fusils-mitrailleurs partent du Grand Willy. Toute la colonne est engagée dans cet oued aux parois abruptes ; la surprise est complète. Les unités prennent le dispositif d’alerte ; des éléments du B.M.3 et de la Légion montent sur les pitons dominant l’oued. Quelques hommes agitent leur coiffure croyant avoir affaire à des Hindous de la colonne du 16e Pundjab. Il n’en est rien, ces rafales sont bel et bien ennemies. Sur les crêtes avoisinantes se détache la silhouette bien caractéristique des Ascaris, le fusil en travers du dos. À 18 heures la Légion monte vers le col qu’elle atteint à minuit. Le matériel : fusils-mitrailleurs, mitrailleuses, mortiers, est porté à dos, les chameaux ne pouvant escalader les pentes.
Les hommes peinent dans la nuit ; le brouillard et la brume les enveloppent ; la température devient glaciale, contrastant brutalement avec la chaleur moite, de l’oued. Vers minuit la Légion attaque Grand Willy dont la position domine dangereusement le col. Les hommes sont éreintés, les unités se perdent dans la nuit. Finalement, après un combat assez confus, les éléments de tête de la 1re compagnie commandée par le capitaine Paris de la Bollardière et la section du lieutenant Messmer de la 3e compagnie parviennent au sommet du col. Les Italiens décrochent, les pertes de notre côté, sont de deux tués, trois blessés.
La journée du 14 est occupée à remettre de l’ordre dans les unités et à s’installer sur un piton situé à 1.000 mètres au nord de l’Engiahat. Le ravitaillement en eau n’a pas suivi, il fait une chaleur accablante.
L’Engiahat, un mur de crêtes aiguës comme des lames de rasoir, s’élève jusqu’à une hauteur de 2.134 mètres au-dessus de la plaine de Chéren. Jugeant sa possession indispensable pour le déroulement futur de la manœuvre d’encerclement de Chéren, le colonel Monclar décide de l’attaquer en se passant de l’appui de l’artillerie anglaise.
La 2e compagnie que commande le capitaine Motel doit l’aborder par le Sud, la 3e compagnie commandée par le capitaine de Lamaze de front.
Pour se mettre en place, la 2e compagnie part à la tombée de la nuit. Malheureusement le ravitaillement en eau n’est toujours pas arrivé. Les hommes ont un paquet de biscuits, une boîte de hard-ration et un demi-litre d’eau.
Il ne faut pas moins de dix heures de marche à la compagnie pour atteindre les contreforts ouest de l’Engiahat, où son approche est éventée par des cynocéphales qui alertent la garnison italienne ; aussi, le 15 mars au matin, la 2e compagnie est durement accrochée sur les pentes. Le commandant Reyniers décide alors d’envoyer la 3e compagnie. Malheureusement, comme presque toujours en guerre de montagne, chacune de ces unités mène son combat propre dans un compartiment de terrain complètement différent, sans liaison entre elles.
Attaques et contre-attaques se suivent. L’Engiahat est plus fortement tenu que l’on ne l’avait pensé. Les Ascaris ont l’habitude de se poster dans des trous creusés sous les rochers, et il est impossible de les localiser de face. Lorsque le terrain est trop difficile, ils édifient de petites murettes (qui sur l’Engiahat étaient reliées entre elles par de véritables tranchées).
La 2e compagnie n’a pu atteindre son objectif ; sa section de 1er échelon s’accroche aux pentes sans eau, contre-attaquée sans arrêt. Le capitaine Motel et le lieutenant Langlois sont blessés. Les essais de manœuvre et de ravitaillement restent vains. La 3e compagnie progresse péniblement sur les pentes nord, conquiert son premier objectif. Elle est contre-attaquée par trois fois à la grenade. Les Italiens ont formé de véritables batteries de grenadiers : un homme sur deux porte une hotte pleine de grenades, les équipes lancent au commandement. La base de feux que le capitaine Amilakvari a installée sur l’objectif intermédiaire appuie au plus près l’attaque. La mêlée est par instants tellement confuse qu’il est impossible de distinguer les amis des ennemis, on voit des corps de légionnaires rouler dans le ravin en rebondissant sur les rochers. La 3e compagnie continue cependant à progresser ; elle a très rapidement cinq tués et 34 blessés. On entend de la base de feux les Italiens qui contre-attaquent en criant : « Avanti Savoia ».
Le lieutenant-colonel Cazaud et le capitaine Saint-Hillier sont blessés.
Vers midi la situation semble sans issue ; les munitions de mortiers s’épuisent. Pour apporter les coups il faut trente-six heures à dos de chameau suivies de douze heures à dos d’homme. L’absence d’eau se fait terriblement sentir et pour y remédier, la 10e compagnie du B.M.3 doit aller en avant des lignes occuper le puits qui sera par la suite dit : « des Sénégalais ». Détail assez pittoresque, ce puits est situé au Sud-Est de l’Engiahat ; les corvées d’eau s’effectueront donc, à partir de ce moment, vers l’avant.
Le chef de bataillon Reyniers donne ordre à la 3e compagnie de revenir sur ses bases de départ. Toute la fin de l’après-midi et la nuit seront occupées à ramener les blessés et à regrouper les unités, et à rechercher la 2e compagnie dont on est sans nouvelle depuis le matin. Le lieutenant de Sairigné y contribue avec le peloton motocycliste à pied. Le père Malec, aumônier de la Légion étrangère, part seul et à genoux dans l’oued au pied de l’Engiahat, creuse avec ses mains pour chercher de l’eau qu’il distribue aux blessés qu’il a ramenés. Dans la journée du 15, le bataillon du Tchad effectue un ravitaillement en eau pour la Légion à tête d’homme.
Tout au cours de cette journée, le Service de Santé marcha parfaitement. Le G.S.B. était déployé en profondeur : au col une équipe chirurgicale ultra-légère destinée aux interventions désespérées et composée du médecin colonel Fruchaud, du capitaine Rabatte, des médecins capitaines Tibaux, Vignes et Guillon. Personnel et matériel avaient été transportés par chameau. Ce chameau chirurgical d’extrême urgence était précurseur du camion opératoire et des postes chirurgicaux avancés que l’on verra par la suite à la 1re D.F.L. À l’arrière se trouvait, sous la direction du commandant Lotte, un organisme d’évacuation à la jonction de la route carrossable et de la piste chamelière. À Cub-Cub était installé le G.S.B. proprement dit, sous le commandement du médecin commandant Vernier, avec les salles d’opération et les tentes d’hospitalisation.
L’ensemble de la manœuvre se soldait par un échec. La conception du plan d’attaque du général Briggs ne tenait pas suffisamment compte des difficultés de déplacement et de ravitaillement en eau et en munitions. Par ailleurs, le système de défense de Chéren était beaucoup plus étendu au Nord que le commandement ne l’avait pensé. L’Engiahat était depuis longtemps une position organisée et tenue par une garnison permanente qui avait pour mission d’interdire l’accès de l’oued Anseba vers Chéren. Les éléments retardateurs rencontrés sur le Grand Willy dans la journée et la nuit du 13 avaient alerté le commandement italien qui avait mis en place deux bataillons sur l’Engiahat. Mais tout au moins, la menace de la 7e brigade et de la brigade d’Orient devait retenir l’attention de six ou sept bataillons de la garnison de Chéren.
Le 17 mars, le régiment de Pundjab, bien appuyé par l’artillerie, essaie de s’emparer de l’Engiahat ; il échoue. Toute la journée les mortiers italiens dont la portée est supérieure aux nôtres (3.800 mètres) tirent sur nos positions. L’adversaire se révèle particulièrement habile dans leur emploi et ses observateurs sont excellents.
Le 22, mars, une patrouille commandée par le lieutenant Simon, comprenant un officier du génie, le lieutenant Desmaisons, et une dizaine d’hommes quitte le puits dit des Sénégalais avec mission d’exécuter un raid sur les arrières ennemis et de faire sauter la voie ferrée de Chéren-Asmara, à l’Est d’Habi-Mentel. Parvenue à 3 kilomètres de l’objectif, la patrouille fait demi-tour après une marche de 52 kilomètres en montagne et rentre sans avoir pu accomplir sa mission, mais avec de nombreux renseignements : deux bataillons sont au repos dans la région d’Habi-Mentel.
Le capitaine Champrosay harcèle les positions italiennes avec deux 65 de montagne capturés aux Italiens à Cub-Cub ; il utilise comme servants les éclaireurs du peloton motocycliste.
Le 21, la 1re compagnie du B.M.3 effectue une mission de reconnaissance sur le Mont Tiru et fait 12 prisonniers au passage. Au cours des journées des 23, 24 et 25, la même vie continue : réveil dans la brume après une nuit glaciale, thé, tirs de harcèlement des mortiers, répartition de l’eau aux unités qui en demandent toujours davantage, distribution des rations pour la journée : une boîte de singe et un paquet de biscuits pour deux.
Pendant ces journées, la 4e et la 5e division attaquent vigoureusement les hauteurs situées à l’Ouest et au Sud de Chéren : Sanchil, Brig’s Peak, Samanna, Dologorodoc. Le moral italien commence à fléchir, des déserteurs ascaris affluent régulièrement. La R.A.F. possède maintenant la maîtrise totale de l’air. L’attaque finale se déclenche le 27 mai au matin.
L’opération sur l’Engiahat, prévue pour le 27, doit être menée par le 4e bataillon du 16e régiment de Pundjab et un groupement aux ordres du lieutenant-colonel Cazaud. Le groupement se compose de la 2e et la 3e compagnie de Légion étrangère avec une section de mitrailleuses, aux ordres du capitaine Amilakvari, et de la 3e compagnie du 1er bataillon d’infanterie de marine qui vient d’arriver en Libye, commandée par le capitaine Savey. Il est prévu un bel appui d’artillerie et d’aviation : la base de feux latérale aux ordres du lieutenant Iehle comprend des éléments de mortiers et de mitrailleuses de la Légion et du B.M.3. L’attaque démarre à 7 h 30 ; elle tombe dans le vide. Les Italiens ont décroché dans la nuit. Chéren est tombé. On aperçoit au loin des colonnes d’infanterie se repliant en désordre sur la route dans la direction d’Habi-Mentel.
Le colonel Monclar lance immédiatement sa brigade en direction du Sud pour leur couper la route. Le lieutenant-colonel Cazaud se dirige à marche forcée vers le Torrente Cochen et l’oued Anseba à la tête de son groupement auquel s’est jointe la 10e compagnie du B.M.3. Le colonel Monclar part à son tour avec la 1re compagnie. La route est atteinte le 28 au matin. De nombreux prisonniers sont faits qui se rendent sans difficulté. La 5e division britannique fonce sur la route en direction d’Asmara.
La brigade d’Orient est alors regroupée dans la région de Chelamet. Le général de Gaulle accompagné du lieutenant-colonel Brosset vient lui rendre visite le 30 mars. Il félicite les troupes qui sont très fatiguées par l’effort fourni.
La 5e division britannique s’empare d’Asmara le 2 mars. La possession rapide du port de Massaouah présentant un intérêt considérable, le commandement britannique décide une opération de vaste envergure : une colonne motorisée se déplaçant le long de la route côtière menacera la ville au Nord, la brigade française d’Orient aura pour mission de couper la route entre Asmara et Massaouah et de flanc-garder, face à l’Ouest, l’ensemble du dispositif.
Le 2 avril au matin, la 13e demi-brigade de la Légion étrangère embarque en camions et quitte Chelamet en direction d’Obellet. Elle est couverte par des automitrailleuses de la Sudan Defense Force. Obellet est atteint vers 11 heures.
De ce point, par une série de bonds marqués par les villages de Seeb, de Pozzo di Canzal, de Torrente Anaclet, la colonne atteint à la nuit, après un trajet très pénible sur des pistes sablonneuses, un point situé au Nord d’Assus où elle bivouaque en sûreté. Durant cette approche elle fait à Seeb 14 prisonniers ascaris chargés de la surveillance des champs de mines. La section du génie et la section de pionniers de la Légion déminent les deux itinéraires menant vers le Sud. Tout au long de cette journée, les conducteurs de la compagnie du train du capitaine Dulau font merveille. Ce sont pour la plupart de très jeunes Français échappés de France en juin 1940, qui conduisent pour la première fois sur un parcours aussi pénible. Pas un seul véhicule n’est laissé en arrière.
À l’aube du 3 avril, la colonne reprend la direction du Sud ; la piste menant à Assus est rapidement déminée. Elle atteint successivement Assus et Aïlet où les autorités locales indigènes remettent les armes distribuées à la population et renseignent le colonel sur l’absence d’ennemis entre Aïlet et Dembé. Deux sous-groupements sont immédiatement constitués : la 3e compagnie aux ordres du capitaine de Lamaze, renforcée d’une section de mitrailleuses, d’un groupe de mortiers, de deux canons de 25 est poussée sur la route en direction de Ghinda ; la 2e compagnie aux ordres du capitaine Saint-Hillier, avec un renforcement semblable et un peloton d’auto-mitrailleuses de la Sudan Defense Force fonce vers Dogali. Le carrefour de Dembé est organisé défensivement avec le reste de la colonne.
La 3e compagnie avance sans grande difficulté vers l’Ouest ; elle s’empare par surprise d’une batterie chamelière de 65 qui a pour mission d’interdire la coupure très importante que les Italiens ont faite au kilomètre 62. La section de pionniers de la Légion, la section du génie sous les ordres du lieutenant Desmaisons rétablissent ce passage en un temps record qui surprend les autorités britanniques. Cette action fait gagner vingt-quatre heures à la 5e D.I. venant d’Asmara. La liaison avec cette grande unité est faite à 6 kilomètres à l’Est de Nefasit. La route qu’elle a suivie depuis Chéren est splendide. C’est un véritable chef-d’œuvre. Elle descend d’une façon acrobatique les pentes verticales de la montagne. Les inscriptions peintes en blanc sur la surface noire des rochers sont innombrables : Viva el Duce, Viva et Re Imperatore, Viva Tessidore.
Pendant ce temps le groupement Saint-Hillier progresse rapidement vers l’Est et atteint Dogali dans la soirée. Le 5 avril au matin, une reconnaissance comprenant deux sections du groupement Saint-Hillier et trois automitrailleuses, accompagne le général commandant la 5e D.I. et le colonel Monclar qui viennent examiner les destructions opérées au kilomètre 10 de Massaouah.
Surpris par la rapidité de l’avance, les Italiens ont fait sauter précipitamment la route dans un défilé, mais n’ont pu achever le chargement de tous les fourneaux de mines préparés. Les communications téléphoniques sont restées intactes entre Asmara et Massaouah. Le général Platt en profite pour téléphoner à l’amiral Bonetti qui commande en chef la défense de Massaouah et lui demande de se rendre. Deux officiers anglais portant un drapeau blanc sont envoyés à Massaouah en vue de négocier les conditions de la capitulation. Ils y sont fort bien reçus. Le vice-amiral Bonetti en réfère au Duce qui lui donne l’ordre de combattre jusqu’à la mort et d’opérer les destructions et les sabotages prévus. Cette trêve est utilisée pour regrouper la brigade dont le gros vient rejoindre aux environs du kilomètre 10. Les deux canons de 75 s’installent en batterie le 5 au soir, à gauche de la route, au kilomètre 13. Le B.M.3, faute de moyen de transport, quitte le point A et commence à rejoindre à pied.
Le 6 à midi la trêve est rompue. L’officier de marine italien qui vient apporter la réponse de l’amiral s’arrête quelques instants à la coupure. Il échange des phrases banales avec le commandant Reyniers. « J’aurais préféré, Monsieur, faire votre connaissance dans d’autres circonstances ». Son chauffeur, lui, demande des cigarettes.
Toutes les forces italiennes qui ont pu se grouper, de Chéren, d’Asmara, de Ghinda, sont rassemblées à Massaouah. L’ennemi a établi sa ligne principale de résistance sur la ligne de défense jalonnée par le Ras Dogon, les cotes 11 et 19, le Mont Wadi, le village et le fort de Montecullo, le fort Vittorio Emanuele, le fort et monte Umberto. En avant se trouve une position d’avant-postes fortement organisée (tranchées profondes couvertes par un réseau dense de mines et de barbelés, fortins, itinéraire miné). Les pièces de 220 de l’artillerie de marine, initialement destinées à la défense de la cote, ont été retournées face à l’0uest. Elles tirent des projectiles perforants qui font relativement peu de dégâts. L’attaque générale est prévue pour le 8. En ce qui concerne la participation française à cette attaque, le colonel Monclar prévoit dans un premier temps la prise des avancées de la ligne principale de résistance, en vue de se procurer une base de départ rapprochée pour l’attaque des objectifs finaux. Cet effort se fera le long de la voie ferrée. Dans un deuxième temps, la prise du village et du fort de Montecullo et du fort Vittorio Emanuele. L’attaque est couverte au Sud par une flanc-garde mobile constituée par la compagnie Savey. Elle est appuyée par les groupes d’artillerie de 90 de la Sudan Defense Force et la section de 75 du capitaine Champrosay. Un horaire de tir très précis a été mis au point. Deux équipes de sapeurs du génie démineront les itinéraires principaux.
En cas de résistance trop sérieuse des forts, il est prescrit de les masquer et de déborder pour se porter sur la ligne de crête militaire ayant des vues directes sur Massaouah et de faire ensuite les nettoyages de l’avant vers l’arrière.
Par suite d’un retard de transmission des ordres, le premier échelon débouche à 7 heures ; la progression est d’abord assez rapide. À 7 h 45 un accrochage sérieux se produit entre la 1re compagnie du capitaine Paris de la Bollardière et un centre de résistance ennemie établi au sud de la croupe 17. Une habile manœuvre liquide cette résistance vers 8 h 30. Deux officiers et 82 hommes sont faits prisonniers. La 1re compagnie gagne la route et le pont en ciment de Montecullo. Au Sud, la 2e compagnie se heurte au départ à des organisations défensives dont la garnison s’enfuit, puis elle tombe sur trois points d’appui fortement organisés : maisons et fortins de Noria, fort de Montecullo et ouvrages de Zaga. Ses tentatives de débordement échouent et elle est clouée au sol sous des feux intenses d’armes automatiques. Elle subit d’assez lourdes pertes et le lieutenant Clarence est blessé.
La 3e compagnie du capitaine de Lamaze est alors poussée entre la 1re et la 2e compagnie pour déborder Noria vers le Nord. La compagnie Savey manœuvre par le Sud.
Le capitaine Champrosay et le lieutenant Quirot appuient ces mouvements au plus près. De temps en temps, la batterie de 75 répond aux batteries des forts. Sur le Fort Umberto en particulier, où elles ont été seules à tirer, on trouvera deux pièces détruites et cinq tombes fraîches : quatre marins et un capitaine payeur qu’un mauvais génie avait amené là au matin.
La manœuvre de la 3e compagnie et de la compagnie du B.I.M. réussit. La résistance est enlevée et plus de 150 prisonniers sont faits. La 1re compagnie et la 3e atteignent les pentes de Vittorio Emanuele ; la 1re compagnie pousse vers le village de Montecullo et atteint le coude de la route à hauteur de la Swedish mission. À 11 h 30, profitant du désarroi général de l’ennemi, les trois compagnies et une partie de la compagnie du B.I.M. escaladent les pentes de la ligne des forts, enlèvent les forts et les batteries, cueillant plus de 400 prisonniers en majorité européens, dont un colonel, de nombreux officiers et le fanion du 112e bataillon colonial.
Un seul ouvrage a tenté de résister à cet assaut final de la section de la 3e compagnie du B.I.M. Un assaut rapide a raison de la résistance. Cette unité pousse rapidement en direction du fort Umberto, coupant à l’ennemi la route du Sud. Une section est installée à Ascico pour empêcher la destruction des soutes à mazout et à essence.
À partir de midi toute résistance cède. Le colonel Monclar accompagné de ses motocyclistes pénètre à Massaouah. La ville elle-même n’a pas subi beaucoup de dégâts. Seul le port a été saboté : six cargos sont échoués contre les quais, 16 navires sabordés obstruent l’entrée. La population civile sort dans les rues ; les indigènes font gentiment le salut fasciste.
Le colonel Monclar arrête lui-même l’amiral Bonetti et le général Bergonsi commandant le secteur de Massaouah. L’amiral avait au préalable jeté, par la fenêtre de l’Amirauté, son sabre dans l’eau. Un motocycliste qui l’avait vu faire attendit patiemment la marée basse, ramassa le sabre et le porta au colonel qui le remit quelques jours après au général Platt.
Entouré par son état-major aux uniformes splendides et par une armée de secrétaires, l’amiral déclara gravement au colonel « qu’un amiral italien ne se rendait jamais ». C’est sur cette note courtelinesque que se termina la campagne d’Érythrée.
En fin d’opération le bilan des prisonniers faits par les Français est le suivant : l’amiral commandant en chef en Afrique occidentale italienne, le général commandant en chef en Érythrée, deux officiers généraux, 449 officiers et plusieurs milliers de prisonniers.
De son côté l’attaque britannique menée par la 5e division britannique et la 7e brigade avait progressé normalement le long de la mer et atteint les premières hauteurs au Nord de Massaouah. Au moment où la résistance italienne s’effondrait, le général commandant la 5e D.I. donna l’ordre de cesser l’attaque. Mais il était trop tard…, le colonel Monclar était déjà au cœur de Massaouah.
Le succès était dû à la rapidité d’action des éléments d’attaque, à la démoralisation d’un adversaire bien armé et supérieur en nombre, mais acculé à la mer après plusieurs défaites.
Le 8 au soir le drapeau français flottait aux côtés de l’Union Jack sur l’Amirauté de Massaouah. Seul un petit triangle compris entre Amba Alagi, Dessie et Gondar restait aux mains des Italiens en Abyssinie. Un bataillon français, le B.M.4, et la fameuse escadrille « Lorraine », devaient quelques mois plus tard participer à sa réduction.
C’en était fait de l’Africa Orientale.
Citation de la 13e demi-brigade de Légion étrangère et de la 3e compagnie du 1er B.I.M.
« Le 8 avril 1941 à Massaouah, appuyées par les feux de la compagnie d’accompagnement du capitaine Amilakvari, ont, au cours d’un combat de trois heures, mené pied à pied et par manœuvres additives et partielles soit spontanées, soit ordonnées par le lieutenant-colonel Cazaud, commandant la 13e demi-brigade de Légion étrangère, pris Moncullo, le fort Moncullo, le fort Vittorio Emanuele et le fort Umberto, capturant au cours du combat, 30 officiers, 700 Européens et 100 Ascaris. Ont ensuite capturé au cours de l’exploitation du succès, l’amiral commandant en chef en Afrique occidentale italienne, le général commandant en chef en Érythrée, deux officiers généraux, 449 officiers et plusieurs milliers de prisonniers, le lieutenant-colonel Cazaud ayant fait lui-même 600 prisonniers et la seule 3e compagnie du bataillon d’infanterie de marine sous les ordres du capitaine Savey ayant fait prisonniers 1.943 Italiens. »
Jean Simon
(1) Comprenant notamment un escadron du 1er R.M.S.M.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 4, janvier 1947.