Jean Demozay-Morlaix
Pour commémorer le cinquantenaire de la mort du colonel Jean Demozay, commandeur de la Légion d’honneur, Compagnon de la Libération, croix de guerre (19 citations), DSO – DFC avec Bar, tué en service aérien commandé le 19 décembre 1945, une cérémonie a été organisée au cimetière de Beaugency, au cours de laquelle une stèle a été inaugurée.
Des membres de sa famille, dont le frère, sa sœur et sa fille, étaient présents. Le maire accompagné par son conseil présidait la cérémonie. Le général Yves Guéguen, président de l’Amicale des FAFL, prononça une allocution au cours de laquelle il retraça la carrière rapide et glorieuse de Jean Demozay.
Né à Nantes le 21 mars 1915, il fréquente l’école de Beaugency, puis le collège Locquidy à Nantes, avant de poursuivre ses études en Angleterre.
Incorporé le 20 novembre 1936, il est réformé pour inaptitude physique. Rappelé le 12 novembre 1937, il est à nouveau réformé.
À la déclaration de guerre, n’acceptant pas de ne pouvoir y participer, il demande à être présenté devant la commission de réforme qui le déclare apte au service actif.
Affecté au 19e escadron du train, passionné d’aviation il demande et obtient son transfert dans l’armée de l’Air. Grâce à sa connaissance de la langue anglaise, il est affecté comme agent de liaison auprès de l’état-major de la Royal Air Force en France, à l’Advanced Striking Force, qui le détache au squadron n° 1. Il s’intègre tellement bien dans son rôle qu’il réussit, clandestinement, à s’entraîner au pilotage sur l’avion Miles Magister du squadron.
Le 18 Juin 1940, devant l’avance allemande, le squadron n° 1 ayant regagné l’Angleterre, Jean Demozay se trouve à Nantes avec 16 techniciens de la Royal Air Force qui doivent se rendre à La Rochelle en camion pour embarquer vers la Grande-Bretagne.
Sur le terrain de Nantes se trouvait un avion de transport de la Royal Air Force, un Bristol Bombay avec les pleins complets, mais qui était indisponible à la suite de la rupture de sa roulette de queue. Jean Demozay et les techniciens de la Royal Air Force entreprennent de réparer l’avion. Après plusieurs jours et nuits de travail, l’appareil fut réparé et Jean Demozay put décoller avec les 16 Britanniques et 2 Français pour Tangmere. Toutefois, à la demande de ses passagers, le pilote accepta de se dérouter et alla se poser à Sutton Bridge.
En Angleterre, Jean Demozay rallia les Forces Aériennes Françaises Libres le 24 juin 1940 (matricule 30581) et rejoignit la base de la Royal Air Force de Saint-Athan, où étaient regroupés les aviateurs Français Libres.
Jean Demozay, qui n’était titulaire d’aucun brevet de pilote, déclara être pilote de chasse et demanda à servir dans une unité de la RAF.
Probablement aidé par ses amis du squadron n° 1 et par sa prouesse réalisée en faisant décoller de Nantes un avion britannique et 16 membres de la RAF, par sa connaissance de l’anglais, il obtint d’être envoyé en stage de pilotage accéléré.
À sa sortie de l’OTU n° 5 à Aston-Down, il est affecté comme pilote à son ancienne unité, le squadron n° 1, à Wittering le 16 octobre 1940. Il vole sur Hurricane et est connu sous le nom de « Moses » Morlaix.
Le 8 novembre 1940, il obtient sa première victoire en abattant un JU.88. Quelques jours plus tard, ce fut un ME.109, le 24 mai un autre ME.109. Au cours d’un vol de nuit, il abat un Heinkel 111 et le 25 du même mois un ME.109.
Le 21 juin, il est transféré au squadron 242 à North Weald, dans la banlieue nord de Londres, où il remporte deux autres victoires sur des ME. 109.
Après un court séjour au squadron 242, il est affecté à Hawkinge comme commandant de la première escadrille (Flight A) du squadron 91. Pendant ce commandement, il obtient huit victoires homologuées et probablement deux autres. Il reçut la DFC au mois de décembre 1941.
Son premier tour d’opérations terminé, il est affecté pour une période de repos de six mois à l’état-major du 11e groupe (commandement de la Chasse dans le sud-est de la Grande-Bretagne).
Le 11 juillet 1942, il prend le commandement du squadron 91. Il obtient trois autres victoires sur des FW. 190 et se voit attribuer une « bar » à sa DFC. Au moment où il quitte son commandement en janvier 1943, il a effectué plus de 400 missions de guerre, au cours desquelles il a obtenu 21 victoires homologuées et trois probables.
Le commandement des Forces Aériennes Françaises Libres en Grande-Bretagne le nomme lieutenant-colonel et lui confie le commandement de l’Aviation française au Moyen-Orient. En avril 1944, le ministre de l’Air le rappelle à Alger et le nomme au cabinet militaire. En juillet 1944, le colonel Jean Demozay crée, dans des conditions très difficiles dues au manque de personnel et de matériel, le groupement « Patrie ». Cette unité comprend les groupes « Béarn » et « Picardie » et est destinée à soutenir les FFI en France.
Le groupement « Patrie » quitte l’Afrique du Nord le 10 août 1944 et arrive près de Toulouse. Il participe immédiatement aux opérations (200 missions). Le colonel Jean Demozay quittait le groupement et était affecté au cabinet militaire du ministre de l’Air, Charles Tillon, à Paris.
Le 19 décembre 1945, au retour d’une mission de liaison en Angleterre, le colonel Jean Demozay trouve la mort quand l’avion à bord duquel il était passager s’écrase au sol dans la région de Buc, quelques instants avant l’atterrissage.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 293, premier trimestre 1996.