Deux évasions aux conséquences tragiques
Douze aviateurs paient de leur vie leur volonté de rallier, par le colonel Gence
Deux équipages :
Le premier. – Capitaine de Vendeuvre, lieutenant Berger, sous-lieutenants Weil et Duplessis.
S’envola sur un Glenn Martin de la base de Berechid, près de Casablanca, le 30 juin 1940 pour Gibraltar.
Mais à l’arrivée, alors qu’il s’apprêtait à atterrir, il fut pris à partie par la D.C.A. espagnole et abattu en flammes dans les eaux anglaises. L’équipage fut recueilli par des vedettes britanniques, aucun membre ne survécut à ses blessures.
Ces aviateurs eurent à Gibraltar des funérailles dignes de leur sacrifice. Par décret du 13 mai 1941, signé à Brazzaville par le général de Gaulle, la croix de la Libération leur fut décernée avec la citation suivante :
Capitaine de Vendeuvre, lieutenant Berger, sous-lieutenants Weil et Duplessis de l’armée de l’air. Équipage de héros qui refusaient de se soumettre à l’ennemi ont été parmi les premiers à quitter le Maroc pour continuer la lutte. Ont été abattus en Méditerranée en tentant de rallier les Forces Françaises Libres.
Le deuxième. – Sergent Le Digabel, caporaux et soldats Diacono, Foisset, Freuzer, Gueuchommo, Raybaudi, Renault, Sentenac.
Prit son envol sur un Potez 540 de la base de Razelma près de Fez le 30 juin également. Ce fut au départ, en bout de piste, que l’avion s’écrasa et s’enflamma. Tous les aviateurs furent carbonisés. Le Potez 540 qui emportait toutes ces belles espérances fut avec elles à tout jamais consumé.
Avant l’envol, le caporal Raybaudi avait écrit à ses parents : « Je ne serai pas parti sans vous adresser un petit mot. N’ayez aucune crainte, vous me connaissez suffisamment pour savoir que je ne fais rien à la légère. – Oui, nous partons en Angleterre, je dis nous, car je ne suis pas seul à partir pour le salut de la France. – Ne me prenez pas pour quelqu’un qui quitte son pays, mais étant devenu inutile pour lui, j’espère bien rendre service ailleurs. Je reviendrai bientôt et victorieux. »
Les corps calcinés de ce deuxième équipage furent transportés à l’hôpital militaire de Fez. Les disparus furent à cette époque, en juin 1940, considérés comme des déserteurs par les autorités militaires de Fez, et comme tels, ils n’eurent pas droit à des funérailles correspondant à leur sacrifice. La base fut même consignée afin que personne ne puisse les accompagner jusqu’à leur dernière demeure. Mais en juin 1944, les honneurs leur furent rendus, avec une citation à titre posthume et la médaille de la Résistance.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 156 bis, juin 1965.